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La mort de Louis XV en 1774

le par - modifié le 05/08/2020
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Le 10 mai 1774, Louis XV, âgé de 64 ans, décède à Versailles. Il a régné sur la France pendant 59 ans. Il meurt dans d’atroces souffrances occasionnées par une terrible maladie : la petite vérole. 

Les derniers jours du roi

Le 26 avril 1774, Louis XV, accompagné de Mme du Barry et de quelques proches, se rend à Trianon. Le lendemain, il part chasser en compagnie du dauphin. En fin d’après-midi il se sent courbaturé, se plaint de maux de tête, frissonne et est pris de nausées. Le soir, il se couche sans prendre son repas. La Gazette de France informe ses lecteurs de l’état de santé du roi :

« Le mercredi 27 du mois dernier [avril], Sa Majesté étant à Trianon, eut un frisson qui fut suivi de fièvre & d’un mal de tête violent avec douleurs dans les reins et quelques envies de vomir. »

Le 29 au matin, le roi allongé sur un lit de camp de damas rouge subit sa première saignée. Les nombreux médecins, chirurgiens et autres personnels médicaux tentent de trouver une solution à cette « fièvre humorale catarrheuse ». Il est saigné une seconde fois. Ensuite, après diverses querelles, ils parviennent à diagnostiquer la variole, appelée petite vérole, l’une des maladies les plus terrifiantes du XVIIIe siècle. Par précaution et pour éviter toute contagion, la famille royale est éloignée.

Allégorie sur la mort de Louis XV, par Jean-Bernard Restout, 1774 - source : Gallica-BnF

La variole et la mort du roi

Allégorie à l'occasion de la mort de Louis XV, pre MM. Danzel et Fossie - source : Gallica-BnF

Louis XV est confronté pour la première fois à la variole, maladie contre laquelle il n’est pas immunisé. Un partie de l’entourage royal pense que cette maladie est bénigne et que le roi se rétablira promptement. Tandis que les maux de tête et la fièvre persistent l'état du roi se dégrade. Le 29 avril, des boutons apparaissent sur son corps. Louis XV ne sait pas qu’il a contracté la variole. Son entourage ne souhaite pas l’affoler. La Gazette de France  du 02 mai 1774 apporte quelques précisions :

« Le 29, elle [Sa Majesté] fut saignée deux fois, & dans la soirée, la petite vérole parut. Par les moyens de l’émétique qui fut employé sur le champ, l’éruption s’est faite avec facilité & a fait des progrès pendant tout le jour suivant "

Un bulletin sur la santé du roi est publié à Paris au matin du 30 avril. Les médecins tentent d’enrayer la progression du mal :

« Le 30 au matin, on a appliqué les vésicatoires aux jambes. Ce matin, l’éruption paroit fort avancée, & les vésicatoires ont fait l’effet le plus désirable. Sa Majesté est autant bien qu’on peut l’espérer au terme de sa maladie »

 Le 1er mai, la suppuration du corps et du visage laisse pour un temps espérer une amélioration. En vain. Le 3 mai, le roi comprend qu'il est atteint de la petite vérole à la vue de ses éruptions cutanées. La suppuration diminue, la fièvre augmente, le rythme cardiaque est élevé. Il commence à délirer. L'espoir d'une guérison n'est plus envisageable, même pour les médecins. Le 7 mai, le roi appelle son directeur de conscience, l’abbé Maudoux, et se confesse. Il demande à voir ses filles une dernière fois. Il se fait administrer le Saint-Sacrement.

Le 8 mai, alors qu'il sombre en plein délire la gangrène se généralise. Le lendemain, l’ampleur du mal est telle que les croûtes et les boutons séchés revêtent une couleur noire, et ceux qui se sont formés dans la gorge empêchent la déglutition du roi. Le visage de Louis XV est noirci et déformé par les croûtes. L’odeur dans la pièce est pestilentielle. Le roi demande à recevoir l’extrême-onction :

« Depuis la nuit du 8 de ce mois, l’état du Roi ayant toujours empiré, on perdit les espérances de guérison qu’on avoit conçues jusqu’à ce jour. Sa Majesté sentant le danger où Elle se trouvoit, demanda l’Extrême-Onction […]. Il passa la nuit la plus douloureuse »

A l'agonie le 10 mai, il meurt à 15h15.

Bibliographie

 

Michel Antoine, Louis XV, Paris, Hachette, 2006.


Joël Cornette, Absolutisme et Lumières. 1652-1783. Histoire de France, Paris, Hachette, 8e édition, 2016 [1992].


Bernard Hours, Louis XV : un portrait, Paris, Privat, 2009.


Pierre DARMON, La variole, les nobles et les princes. La petite vérole mortelle de Louis XV, Bruxelles, Complexe, 1989.