Danielle Darrieux, « 18 ans et déjà vedette »
En 1935, la jeune actrice Danielle Darrieux devenait une célébrité reconnue dans toute la France d'avant-guerre – on l’appelait alors « la fiancée de Paris ».
En mars 1935, le journal people La Midinette s’intéresse à une jeune étoile montante du cinéma français, Danielle Darrieux.
Cette dernière, âgée de 18 ans et résidant à Paris depuis l’enfance, ne semblait pourtant pas destinée à devenir actrice. Quatre ans plus tôt, elle s’est simplement « présentée » à Épinay auprès de producteurs qui cherchaient « une héroïne de treize ou quatorze ans » en vue d’un long-métrage en prévision. Elle a néanmoins décroché le job – un rôle principal dans Le Bal, sorti en 1931 –, impressionné les deux hommes et signé dans la foulée un contrat de cinq ans avec eux.
La jeune Darrieux, encore mineure, dit à la journaliste qu’elle était au départ « paralysée par un trac fou ». Manifestement impressionnée par les prouesses de la jeune prodige, la rédactrice laisse entendre que Danielle s’est depuis largement rattrapée, notamment au niveau du chant, où elle excelle :
« Cette jeune étoile de l’écran possède une voix fraîche, au timbre délicat, dont le micro enregistre toutes les nuances sans les amoindrir. »
Au moment où paraît l’article, Darrieux a déjà tourné dans plusieurs films mineurs, des comédies grand public pour la plupart. On l’a aperçue dans La Crise est finie, Dédé, Quelle drôle de gosse ou J’aime toutes les femmes, où en plus de jouer elle interprète des chansons populaires qui deviennent presque instantanément des succès dans la France entière.
Deux ans auparavant, elle a également joué un rôle dans un film plus sérieux intitulé Mauvaise graine, réalisé par un prometteur réalisateur autrichien nommé Billy Wilder. Le célèbre metteur en scène de La Garçonnière en parle alors comme d’une « sorte de film d’avant-garde ».
Plus tard cette année-là, la môme Darrieux deviendra l’épouse du réalisateur Henri Decoin, rencontré un an plus tôt sur le tournage de L’Or dans la rue. On la surnommera alors « la fiancée de Paris ».
Figure populaire par excellence, Darrieux se fait photographier durant ses vacances d’été 1935 par des photographes du journal Le Petit Marseillais. La légende de l’image, tout en politesses, dévoile l’admiration portée par le grand public à la jeune actrice.
« Danielle Darrieux se montre aux regards admiratifs dans un impeccable maillot. »
Dans les pages cinéma de L’Intransigeant en date du 21 septembre 1935, on trouve une chronique du tournage de Mayerling, adaptation cinématographique du célèbre drame au cours duquel le fils de l’empereur d’Autriche et sa maîtresse ont été retrouvés assassinés. Darrieux y joue ladite maîtresse, la baronne Marie Vetsera. Les dialogues du film ont été confiés au journaliste Joseph Kessel.
La journaliste Francia Rohl, reporter sur le plateau, raconte :
« Sous les projecteurs, Danielle Darrieux se prête à l’essai de Marie Vetsera dans un ajustement désuet qui lui sied à ravir. Soudain, ses regards rencontrent ceux d’Henri Recoin, son mari, devisant joyeusement avec Charles Boyer. Elle éclate de rire. »
La carrière de Danielle Darrieux aura traversé huit décennies. Elle sera récompensée en 1955, 1957 et 1958 par le prix de la Victoire de la meilleure comédienne du cinéma français. Elle gagnera un César d’honneur pour sa carrière en 1985. Enfin, elle sera décorée de la Légion d’honneur et nommée officière des Arts et des Lettres pour l’ensemble de sa carrière filmique. Sa dernière apparition au cinéma remonte à 2010, dans Pièce montée, de Denys Granier-Deferre.
Danielle Darrieux s’est éteinte hier mercredi 18 octobre, à l’âge de cent ans.