Une fois dans les colonies – Brésil, Antilles et Amérique du Nord notamment –, les esclaves étaient vendus pour travailler de force dans les cultures et exploitations locales. Les navires occidentaux repartaient vers l'Europe chargés de diverses denrées : café, sucre, or, coton, cacao, tabac.
Au XVIIIe siècle, alors que le commerce triangulaire prospère, La Gazette du commerce, journal d'information économique, évoque assez fréquemment la traite des Africains. Sans surprise, elle le fait toujours sous l'angle commercial.
Exemple en 1767 avec cet article mentionnant la création d'une association « pour la traite des nègres, le commerce d'Amérique et la pêche ». Laquelle s'inquiète cyniquement de la concurrence des navires étrangers le long de la côte africaine, dans un contexte où l'esclavage est l'objet d'une gigantesque course au profit entre nations :
« La principale raison qui a fait tomber dans la langueur les branches du commerce maritime, est la concurrence des étrangers à la côte de Guinée. Les Anglais principalement, et les Hollandais, ont dû être dans une activité étonnante, puisqu'ils étaient sûrs d'introduire leurs nègres dans nos colonies […].
C'est un malheur d'autant plus grand que ce sont les meilleures maisons de Nantes ou de la Rochelle qui ont eu jusqu'à six navires à la fois pour la Guinée. La cause d'un événement si funeste provient de la facilité que les étrangers ont trouvé pour s'introduire dans nos colonies.
Si l'association qui se forme peut avoir allez de crédit pour faire fermer les ports de ces mêmes colonies aux étrangers, elle rendra un grand service à la Nation, ranimera son émulation, et procurera en conséquence un grand avantage à l'État. »