Dans son édition du 5 décembre, Comœdia chiffre les dégâts à « 50 000 francs » et estime que « L'Age d'or est un film d'avant-garde, sans nuance politique, qui ne légitime en rien de pareilles manifestations ».
Mais le scandale ne s'arrête pas là : la presse de droite, et en particulier Le Figaro, va mener une violente campagne contre le film de Buñuel. Le 7 décembre, le quotidien publie dans ses pages cinéma une « lettre ouverte à M. Paul Ginisty, président de la Censure », signée par le critique Richard Pierre-Bodin :
« Monsieur le Président,
Un scandale sans précédent se déroule chaque soir au Studio 28, et cela avec l'acquiescement du service de Censure que vous présidez. Un film, intitulé L'Age d'or, auquel je défie quelque technicien autorisé de reconnaître la moindre valeur artistique, multiplie en spectacle public les épisodes les plus obscènes, les plus répugnants, les plus pauvres.
La Patrie, la Famille, la Religion y sont traînées dans l'ordure : un ostensoir est posé près du ruisseau, frôlé par les jambes de femmes haut troussées. Le Christ y est présenté, sur un air de paso-doble, comme “le principal organisateur de la plus bestiale des orgies, avec huit merveilleuses filles, huit splendides adolescents, etc... ” Je cite textuellement les sous-titres [...].
Souffrez que l'opinion publique vous pose ici une question précise : quel est, parmi vos collaborateurs, le responsable de cette extorsion de visa ministériel ? Le pays a le droit de savoir. »
L'Écho de Paris surenchérit le 10 décembre avec un article intitulé « Les censeurs de films ne font pas leur métier », dans lequel l'auteur soutient sans ambiguïté les militants qui ont perturbé la séance du 3 décembre.
« Ce pensum prétentieux et morne n'a aucun rapport ni avec l'art d'avant-garde, ni avec l'art tout court. L'exécution technique est d'une pauvreté qui soulève des huées dans la plus humble salle du dernier des chefs-lieux de canton... Aussi le margoulin auteur du scénario n'a-t-il point compté sur les qualités intrinsèques de son œuvre pour attirer le public. Afin de rompre l'épouvantable ennui qui suinte de chaque centimète de sa pellicule, il a intercalé des scènes qui sont de la plus basse et de la plus écœurante pornographie [...].
Que ces messieurs de la censure aient pu accorder leur approbation à ces inepties solennelles et obscènes, cela n'est pas fait pour nous donner une haute idée de leur goût ni de leur bon sens [...]. De toute façon, ce film doit être interdit. »