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« Du travail et du pain ». C'est à ce cri que défilent les milliers de chômeurs qui manifestent le 10 décembre 1932, alors que la France connaît une crise économique sans précédent.
« Les marcheurs de la faim
Vers Paris résolus s’avancent
Du travail ou du pain
Clamons partout notre colère
Des milliers de familles ont faim
Et des enfants meurent de misère. »
Voilà ce que l'on peut entendre dans les cortèges de manifestants qui convergent vers Paris en ce 10 décembre 1932. Pour protester contre le chômage et la détérioration de leurs conditions de travail, les « sans travail » sont partis à 7 heures du matin dans un froid mordant de Bondy, Boulogne-Billancourt, Vanves, Malakoff, Montreuil ou Issy-les-Moulineaux.
La crise économique que connaît la France est plus grave que jamais. La production industrielle a drastiquement chuté, et le chômage touche 900 000 travailleurs au plus fort de la crise. La région parisienne, avec ses industries textiles et automobiles, est particulièrement touchée.
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« 25 000 chômeurs manifestent aux portes de Paris ! » s’enthousiasme en une le quotidien L’Humanité :
« “Du travail et du pain.” Ce cri a retenti hier pendant tout l'après-midi entre la porte de la Chapelle et le pont de Soissons, où 15 000 chômeurs ont manifesté avec vigueur pour leurs revendications.
Dès le début de l'après-midi, en sortant du métro à la porte de la Chapelle, des travailleurs regardaient avec effarement le formidable rassemblement de police groupé sur le rond-point. Ils y étaient depuis 10 heures hier matin, bottés, casqués, les galons rutilants. Il y avait là le “corps d'élite” créé par Paul-Boncour pour les assassinats en série des travailleurs ou des chômeurs.
Mais ces derniers arrivent aussi, de plus en plus nombreux, se frayant passage au milieu des flics qui, par paquets de 200 ou 300, ont pris position devant les bouches du métro, insultant de leur morgue de mercenaires bien nourris, les chômeurs passant hâves, les traits tirés, la faim au ventre. [...]
Mais cette magnifique manifestation a donné aux 15 000 chômeurs la confiance nécessaire pour continuer la lutte si bien commencée. [...] Quatre à cinq mille chômeurs s'avancent dans un défilé remarquable, clamant chacune de leurs revendications des cris de milliers de poitrines. »
Cette marche populaire est un succès ; hors L'Humanité, elle ne rencontre pourtant que peu d’échos dans la presse, ne faisant que l’objet d’entrefilets, comme ici dans Le Temps.
Plusieurs nouvelles marches de chômeurs émailleront l’année 1933.
En juin notamment, ils sont 3 000 à marcher de Saint-Nazaire à Nantes pour déposer leurs revendications à la préfecture, comme le rapporte Paris-Soir.
« Le cortège est accompagné de cuisines roulantes, de camions d'approvisionnements, etc., et les chômeurs coucheront ce soir à la belle étoile, avant de reprendre demain matin leur marche avec une gravité qui n'exclut pas la bonne humeur. »
Le chômage connaîtra une légère baisse en 1933, puis en 1936, mais la crise continuera de sévir jusqu'à ce que la France bascule à la fin de la décennie dans la Seconde Guerre mondiale.