Élue en mai 1898, la nouvelle Chambre est très vite confrontée à l'épineux dossier Dreyfus. Dès sa nomination à la tête du Ministère de la Guerre le 28 juin, Godefroy de Cavaignac entend clore les débats autour de l'innocence supposée du capitaine Dreyfus. En effet, depuis la publication le 13 janvier de l'article « J'accuse… ! » par Émile Zola dans L'Aurore, la France vit au rythme des nouvelles révélations sur l'Affaire.
Dreyfusards et antidreyfusards s'affrontent dans les articles de presse, dans les caricatures mais aussi dans les rues. Le 7 juillet, après plusieurs séances mouvementées, Cavaignac prend la parole à l'Assemblée. Son long discours, marqué par la lecture de preuves qu'il juge irréfutables de la culpabilité de Dreyfus (comme le faux Henry), vise à prouver que les arguments des dreyfusards sont infondés.
Alors que les députés nationalistes exultent, d'autres considèrent que les pièces présentées sont des faux et que Cavaignac n'a fait, en réalité, que relancer l'Affaire. Des invectives et des cris résonnent dans l'Assemblée. Cette grande agitation dure plusieurs jours et interpelle les observateurs, à commencer par les journalistes du Petit Journal.