Entre l’affaire Borlet – qui voit les rubriques faits divers narrer avec force détails les sévices subis par la petite Adolphine, mais sans jamais prononcer le mot « inceste » – et l’affaire Nozière – durant laquelle le terme apparaît enfin –, près de cinquante ans ont passé.
Au-delà, le traitement médiatique des protagonistes évolue lui aussi, et l’on passe du père ouvrier, alcoolique et « monstrueux », à l’image de l’ouvrier respectable, tué par une fille infâme et qui ose, qui plus est, salir l’auteur de ses jours d’une « monstrueuse accusation ».
Comment expliquer ces évolutions et comment la presse participe-t-elle de la construction des tabous de nos sociétés ?
Intervenantes
Anne-Emmanuelle Demartini, historienne, professeure d’histoire contemporaine à l’Université Paris 1-Panthéon Sorbonne.
Fabienne Giuliani, historienne, post-doctorante au Centre d’étude des mouvements sociaux (EHESS).
Sommaire
3’55 - L’inceste comme mot dans l’espace public : un tabou anthropologique ?
6’50 - Sexe et morale au XIXe siècle
10’10 - La question du traitement des enfants
14’10 - Comment faire l’histoire d’une question dont le nom est invisible dans les sources ?
16’07 - L’affaire Violette Nozière et l’évolution du tabou de l’inceste
19’56 - La condamnation légale de l’inceste au XIXe siècle
20’50 - La presse contre Violette Nozière
26’09 - L’archétype de l’enfant vicieux
27’56 - L’inceste dans le débat public aujourd’hui
Archives citées
Le Petit Journal, 28 octobre 1891
Le Petit Journal, 10 décembre 1891
Journal officiel de la République française, 1er janvier 1897
Carnet de la semaine, 1er septembre 1933
Le Populaire, 9 octobre 1934