14 juin 1940 : « La croix gammée flotte sur l'Élysée »
Le 14 juin 1940, les troupes allemandes entrent dans Paris. C'est le début d'une occupation de cinq longues années, qui coupera la France en deux et donnera naissance à un vaste mouvement de résistance.
Les drapeaux français décrochés des bâtiments publics et remplacés par l’emblème du IIIe Reich ; une immense croix gammée flottant sur l’Arc de Triomphe.
Le 14 juin 1940, Paris toute entière porte la marque infamante de l’ennemi. Les Allemands sont entrés dans la capitale.
Cela fait alors plus d’un mois déjà que la débâcle est amorcée. Les lignes de chars allemands ont implacablement écrasé les défenses françaises, plusieurs raids aériens ont asphyxié Paris et sa région.
Les généraux De Gaulle et Weygand, héros de la Première Guerre mondiale, ont été obligés de céder face à l’ennemi, annihilant tout espoir de redresser la barre.
Le 6 juin, quand la « ligne Weygand » s’effondre, laissant tout le Nord de la France sans défense, la situation devient désespérée, bien que les communiqués militaires français, consciencieusement relayés par la presse, tentent de minimiser la débâcle.
Le 8 juin, l’exode du Nord vers le Sud s’est intensifié, et une évacuation massive a commencé à Paris : en quelques jours, la capitale est vidée de ses habitants terrorisés.
Le 10 juin, c’est le gouvernement français qui quitte précipitamment Paris pour Bordeaux.
« Le gouvernement a quitté Paris. Cette mesure s'imposait, la capitale se trouvant maintenant dans la zone de guerre proprement dite, et les pouvoirs publics ne pouvant, de toute évidence, jusqu’à nouvel ordre, y fonctionner normalement. [...]
La situation résultant du repli des pouvoirs publics, pour exceptionnelle qu'elle soit, est donc conforme à la sagesse la plus élémentaire. »
Le 13 juin, Paris est officiellement déclarée ville ouverte.
Acte final de la débâcle : le 14 juin 1940, les troupes allemandes entrent dans Paris. Sous la menace d’un bombardement de la capitale, les autorités signent un cessez-le-feu à 7h30 du matin.
La presse parle de « jour de deuil ».
Un collaborateur de La Petite Gironde, surpris à Paris par la soudaineté de l’exode, raconte les premiers jours de l'occupation allemande, entre effarement et résignation des Parisiens face à la redoutable efficacité de l’ennemi :
« J’allai vers les Champs-Elysées. Le drapeau à croix gammée flottait sur le ministère de l’intérieur, sur l’Élysée et, au loin, sur la Tour Eiffel. [...]
Et les Parisiens, qu’éprouvent-ils devant les occupants ? [...]
Ce qu’ils ne tentent même pas de cacher, c’est leur surprise, disons leur effarement devant ce qu’ils voient.
Quoi, c’est là cette armée qu’on disait épuisée, manquant de tout, brisée de fatigue, dépourvue de moyens de ravitaillement, hors d’état de tenir pendant le dernier quart d’heure ?
Ils n’aperçoivent que des hommes jeunes, bien en chair, au teint recuit par le grand air, mais de saine apparence, vêtus d’uniformes en fort bon état et qui, pour tous, semblent faits sur mesure. [...]
Tout paraît si minutieusement prévu, si bien organisé, qu’on n’en revient pas. Je ne dis pas l’amertume que nous ressentons. Mais, peut-être, à cette amertume se mêle-t-il quelque consolation. Il n’y a pas de honte à avoir cédé à un adversaire si manifestement muni de tout ce qui pouvait assurer la victoire. »
L'armistice franco-allemand sera signé quelques jours après l'entrée des Allemands dans Paris, le 22 juin 1940, en forêt de Compiègne. C'est le début d'une occupation de cinq ans, qui coupera la France en deux et donnera lieu à un vaste mouvement de résistance.