Écho de presse

Mussolini, fusillé puis lynché par la foule italienne

le 02/05/2021 par Arnaud Pagès
le 07/08/2020 par Arnaud Pagès - modifié le 02/05/2021

Le 28 avril 1945, la résistance italienne arrête le « Duce » et sa maîtresse alors qu'ils tentent de fuir vers la Suisse. À Milan, leurs corps sont livrés à la colère de la foule.

Le 18 avril 1945, Mussolini, accompagné de quelques fidèles, arrive à Milan – la ville qui a vu naître le fascisme – avec l'espoir de pouvoir y transférer le gouvernement de la République sociale italienne, qu'il avait établi à Salo sur les rives du lac de Garde à l’automne 1943.

Sachant la guerre perdue par les puissances de l'Axe, il escompte encore être en mesure de conclure un pacte avec la résistance italienne afin d'opérer un transfert légal du pouvoir. Recherché par toutes les factions et par les Alliés, ne disposant plus que de très rares soutiens, le « Duce » est cependant contraint de quitter Milan le 25 avril pour fuir le pays en passant par les Alpes.

Mais les résistants sont partout et bien organisés. Ils quadrillent chaque secteur du Nord de l'Italie. Mussolini est arrêté le 27 avril par les partisans de la 52e brigade Garibaldi.

Dans son édition du 29 avril, le quotidien Ce Soir détaille les circonstances de sa capture :

« C’est sur le lac de Côme, entre Pallanza et Nesso, que Mussolini a été arrêté par les garde-frontières patriotes, ainsi que Pavollini, Farinacci et Buffarini Guidi.
Sa grosse Fiat grise, matricule 207, l'a trahi, car son signalement avait été donné à tous les postes de résistance.
Jaune de colère et de peur, Mussolini a été contraint de descendre de voiture et remis aux autorités de la résistance.
 »

Mussolini et sa maîtresse – qui a été arrêtée séparément – sont alors placés sous surveillance dans une ferme à Giulino di Mezzegra. Voulant agir rapidement et en secret pour que les captifs ne tombent pas entre les mains des Alliés, ils sont fusillés dès le lendemain devant le portail de la villa Belmonte.

En charge de l'exécution, le Comandante Valerio, une des figures du comité de libération nationale, tue d'abord Clara Petacci puis vide le chargeur de son pistolet-mitrailleur Mas 38 sur le Duce.

Dans son édition du 30 avril, le quotidien L'Aube revient sur les raisons de cette exécution sommaire.

« C’est par des éditions spéciales que les journaux ont annoncé l'exécution de Mussolini et des autres grands chefs fascistes.
La nouvelle était attendue car il apparaissait clairement que les patriotes étaient fermement décidés à faire justice avant que les Alliés puissent faire valoir le droit qui leur a été conféré par l'armistice les autorisant à s'emparer du “Duce” et des autres responsables de la guerre. Tous les milieux approuvent l'exécution de Mussolini.
Au sujet du droit des Alliés de juger Mussolini comme criminel de guerre, la journal Avanti écrit
 : “Le peuple italien ne pouvait admettre aucune ingérence étrangère dans l'accomplissement de son devoir. Mussolini a commis un crime de lèse-patrie. En le punissant, la patrie se rachète et reprend sa place dans le monde.” »

Le 29 avril, les dépouilles de Mussolini et de Clara Petacci sont transportées à Milan, sur la piazzale Loreto, avec celles de dix-huit autres hiérarques du régime.

La foule, très nombreuse, se déchaîne alors, piétine les corps, frappe le dictateur mort.

Afin d'éviter que les cadavres ne soient trop dégradés, décision est prise de les pendre par les pieds à la balustrade d'un magasin, à l'endroit même où quelques mois auparavant quinze partisans avaient été fusillés en représailles d'un attentat commis contre les Allemands.

Loin de se calmer, la foule couvre alors de crachats et d'injures Mussolini et sa maîtresse pendant plusieurs heures.

Dans son édition du 1er mai, Ce Soir revient sur les outrages commis par cette foule ivre de vengeance.

« Le corps de Mussolini, ligoté aux chevilles, suspendu la tête en bas, ainsi que ceux d'une trentaine de fascistes, également exécutés ont été exposés à Milan, dans la vitrine d'un magasin à prix unique, place Loretto.
Toute la journée, la foule a défilé devant les corps, que gardaient des patriotes, manifestant sa haine pour l'homme qui a tenu pendant vingt ans son pays sous la férule fasciste, et sa joie de voir qu'il a enfin payé. Le corps de l'ancien dictateur, qui avait été piétiné par la foule, était couvert de boue et de crachats.
Son visage était gris de cendre et crispé par un rictus. Une femme a tiré cinq coups de revolver sur le cadavre pour venger, a-t-elle dit, la mort de ses cinq fils assassinés sur l'ordre de Mussolini.
 »

Au soir du 29 avril, le corps de Mussolini, abîmé, est transféré dans une tombe anonyme au Cimitero Maggiore de Milan.

Le Duce, qui gouverna d'une main de fer l'Italie fasciste pendant plus de vingt ans, et qui se rêvait, dans son rôle de dictateur d'opérette, en  maître de l'Europe aux côtés de son allié Hitler – le Führer se suicidera le lendemain pour ne pas subir le même sort – pouvait-il connaître pire fin ?