L'inauguration de Radio-Vatican en 1931
Après les accords du Latran de 1929, rendant à la papauté sa place au sein de Rome, le pape Pie XI entend s’offrir une nouvelle loggia ouverte sur le monde entier et confie à l’ingénieur Marconi la construction d’un relais radiotéléphonique. Cette radio, dont l’indicatif sur la liste internationale est HVJ, doit devenir la grande voix de la catholicité à travers le monde.
Un projet qui suscite les interrogations
La radio doit permettre à tous les « croyants de toutes langues, de toutes races et de tous pays » d’entendre en même temps le message pontifical. Avant même la première émission, les journalistes se saisissent du sujet, proposant de nombreux reportages comme celui de La Croix qui relate une visite des locaux et qui narre les derniers essais. Accueilli par le R.P. Gianfranceschi, qui dirige la station, le journaliste le voit discuter avec une station de New-York. Les premiers essais ont lieu dès le 30 janvier 1931 et sont satisfaisants car ils ont démontré que l’émetteur pouvait atteindre l’Australie, les États-Unis et l’Afrique. Outre les messages du père Gianfranceschi, durant les essais, sont transmis des morceaux de musique comme l’hymne pontifical et des chants grégoriens des Bénédictins de Solesmes.Cependant des interrogations sur la grille des programmes sont exprimées par les journalistes du Figaro qui doutent de la mise en place d’émissions régulières et croient plutôt en une utilisation ponctuelle pour les communications du Saint-Siège, notamment à l’occasion des événements spéciaux.
Une inauguration médiatisée et sabotée ?
La Croix annonce l’émission du premier message radiophonique du pape Pie XI pour le 12 février dans l’après-midi. Cette cérémonie d’inauguration, qui se tient le 12 février, est en deux temps. Après l’inauguration des locaux de la station, une séance solennelle est donnée par l’Académie pontificale des sciences. Cette séance se termine par l’allocution pontificale. La plaque commémorative indique « Pie XI. Souverain Pontife, la Cité du Vatican ayant été constituée à la suite du traité de Latran afin que la voix du Pasteur Suprême puisse à travers les ondes aériennes arriver jusqu’aux extrêmes confins de la terre à la gloire du Christ-Roi ».
Charles Pichon, comme bon nombre de Parisiens qui se sont réunis « pleins de gravité déférente autour des postes », a écouté le discours du pape. Mais il s’étonne des mauvaises conditions de réception, parlant d’un brouillage volontaire. Son regard se tourne vers la seule nation qui n’ait pas mis ses postes en alerte pour saisir l’émission, c’est-à-dire l’Union Soviétique. Le Journal des débats regrette les nombreuses interférences qui ont malheureusement empêché une bonne réception, sans pour autant y voir un complot soviétique derrière.
Guglielmo Marconi (1874-1937)
Physicien, Guglielmo Marconi est lauréat du prix Nobel de physique de 1909 pour sa contribution au développement de la télégraphie sans fil. Après avoir réalisé la première communication en morse à plus de 13 km en Angleterre en 1896, il réalise des essais pour la marine italienne. En 1899, il est l’auteur de la première liaison transmanche par radio. Se lançant dans les affaires, il fonde plusieurs entreprises. À la demande du pape Pie XI, il dirige le relais radiotéléphonique et à l’honneur d’annoncer la première transmission radiophonique du pape Pie XI le 12 février 1931.
"Au Vatican modernisé"
L’installation d’une radio n’est pas une lubie du Souverain Pontife qui a entrepris depuis 1929, et les accords du Latran, une politique d’aménagement du jeune état pontifical. Dès 1930, des travaux, assurant la modernisation de la cité vaticane, sont relatés par la presse car ils illustrent la volonté du pape de constituer un État totalement indépendant. Si le Vatican doit être modernisé, les nonciatures apostoliques à l’étranger aussi puisque Pie XI entend faire installer des appareils radiophoniques dans chacune d’elles. Le 6 février 1931, le pape Pie XI inaugure la nouvelle centrale électrique de la Cité du Vatican. Construite en 1897, la centrale électrique est améliorée « selon le désir du Saint-Père » et devient l’une des plus puissantes d’Europe. Déjà, en novembre 1930, le central téléphonique et les services télégraphiques avaient été inaugurés.
«Nous avons signalé en son temps l'inauguration du multiple téléphonique et des services télégraphiques qui a eu lieu le 30 novembre 1930. Une revue américaine International Communication Review, organe de l'«International Telephone and Telegraph Corporation de New-York. Société qui fut chargée de cette installation, nous apporte quelques précisions nouvelles sur les travaux qui ont dû être exécutés par les ingénieurs américains, afin d'établir au Vatican [...] d'offrir à cette «sainte cité un service digne du siège du Vicaire du Christ».
Bibliographie
Yves Chiron, Pie XI, 2004, Perrin.
Paul Poupard, Connaissance du Vatican : histoire, organisation, activité, Éd. Beauchesne, 1974.
Joël-Benoît d’Onorio, Philippe Levillain (dir.), Dictionnaire historique de la papauté, Paris, Fayard, 2003.