Paradoxale, la presse l’est assurément sur les qualités radiodiffusées du renégat. Dans un portrait au vitriol, L’Ouest Éclair décrit un « minable » étreint par la honte, conduit par un SA « au micro, à Ia mangeoire » où il « balbutie pitoyablement ». Avant de conclure avec un courroux où perce l’impuissance :
« Qu’il reste donc au micro de Stuttgart, jusqu'à l'heure où un gendarme français, entrant dans son studio, lui mettra la main au collet. Il nous y sert. […]
Car il pue le mensonge commandé, le mensonge de rebut, ramassé dirait-on, sous les bottes de la Gestapo. Tous ses textes ont l'air maintenant écrits par des mouchards de basse police. C'est répugnant, mais c'est inoffensif.
Il sera fusillé, mais il est déjà mort. »
Puisqu’il ne peut être tu ou atteint – à moins de franchir le Rhin – c’est son passé et ses proches qui sont saisis, brandis, flétris. À Niort, dans sa ville natale « l’indignation est grande » et « sa pauvre mère pleure » le déshonneur de son fils. On fait prendre la parole à sa mère et à sa fille: « J'ai renié le nom de Ferdonnet », dit l’une. L'autre ajoute : « S'il est vrai que mon fils, par folie, sert l'ennemi, je voudrais lui donner la réplique d'une mère française, sa mère ». Son ex-femme est mise à contribution pour brocarder le mauvais mari.
Une information judiciaire est ouverte pour « agissements contre la sûreté intérieure de l’État », il encourt la peine de mort. Dans Le Petit Provençal, cette annonce est introduite par un titre sobre: « Au poteau ! ». À l’unanimité, la presse appelle au juste châtiment des voix de Stuttgart :
« Voilà tout ce que le Dr Goebbels a pu trouver pour tenter de troubler l'âme française.
“Ça” n’est pas lourd, mais “ça” vaut tout de même douze balles, le dos tourné et à genoux. »