Car il sait qu’il a gagné la première manche. Aucun policier ne s’est présenté à son domicile. Tandis que le Procureur général ordonnait une nouvelle enquête, Danan s’est adressé à la Secrétaire générale du Conseil Supérieur de la Protection de l'Enfance par une lettre rendue publique, naturellement dans Paris-Soir.
« Persuadé que le respect de la justice ne s'exprime pas nécessairement par la résignation à toutes les mesures de Justice, j'ai cru de mon devoir, pour entretenir la colère publique toujours si courte dans ses manifestations et si prompte à se lasser, d'enlever à leurs tuteurs les petits Jean-Marie et Gérard Guise, qu'on s'apprêtait à rendre à leurs bourreaux.
Je me suis accusé de ce rapt dans Paris-Soir et j'attends, depuis bientôt deux semaines, d'être invité à rendre compte de mon geste. »
Il affirme être inculpé pour « rapt d’enfants » et reçoit le soutien de Paris-Soir, qui lui offre une nouvelle fois sa une. Plus prosaïquement, il ne lui est reproché qu’une simple complicité dans le délit de « non-représentation d’enfants ».
Entendu par le juge d’instruction en février 1939, il réitère son refus de rendre les enfants à leurs parents, prenant l’opinion à témoin :
« - Je le répète, a déclaré Alexis Danan, je me refuse à rendre Jean-Marie et Gérard Guise à leurs parents. Je ne ramènerais ces enfants à leurs ‘oncle et tante’ que lorsque le père aura signé en faveur de ceux-ci une renonciation catégorique à ses droits. J'ai le sentiment d'agir en ceci comme un mandataire de l'opinion publique, justement irritée contre certaines faiblesses de la justice. Je ne faiblirai pas, quoi qu'il m'en doive coûter. »
L’affaire se conclut heureusement. Mais, bientôt, la Seconde Guerre mondiale emporte Paris-Soir dans la tourmente tandis que Danan tombe sous le coup des lois antisémites.
En 1949, il récidive. Mais le climat n’est plus aussi favorable que dix ans plus tôt.
Il enlève de nouveau deux enfants, à Nîmes pour les soustraire aux mauvais traitements de leur grand-mère, « véritable tortionnaire ». Il est une fois de plus inculpé, en même temps que la présidente de la Fédération Nationale des Comités de vigilance et d’action pour la Protection de l’Enfance Malheureuse, qui avait accueilli les enfants.
Au prétoire, l’affaire s’engage assez mal, comme le relate le journal Qui, un nouveau venu parmi les titres de presse de l’après-guerre.