Andersen en souffre, lui qui par ailleurs multiplie les déceptions amoureuses. Toute sa vie, ce mélancolique éprouvera un profond sentiment d’inadéquation, qu’il transposera dans ses contes les plus fameux [à lire sur Gallica, version illustrée par Edmund Dulac] : Le Vilain petit canard, métaphore de sa trajectoire sociale, La Petite sirène et ses deux mondes tragiquement opposés (celui des profondeurs marines et celui des hommes), La Reine des neiges et La Petite fille aux allumettes et leurs enfants vivant dans la misère, comme lui jadis.
Dès les années 1830, il voyage. Et c’est d’abord dans le reste de l'Europe, en Angleterre et en Allemagne surtout, qu’on lui fait un triomphe, grâce notamment à son roman L’Improvisateur (1834-1835). Andersen gardera l’habitude des voyages, rencontrant à l’étranger les plus grands écrivains de son temps, Heinrich Heine, Balzac, Lamartine, Chamisso ou Dickens.
En 1847, La Gazette nationale raconte par exemple son passage en Hollande :
« Depuis quelques jours, le célèbre littérateur danois, Andersen, se trouve dans les Pays-Bas [...].
A La Haye, à l’hôtel de l’Europe, il lui a été offert un souper par les littérateurs, les peintres, les musiciens et tous les artistes qui habitent cette résidence, auxquels s’étaient réunis quelques amis des arts, qui ont saisi avec empressement cette occasion de donner au poète danois une preuve de leur estime pour son beau talent.
Andersen [...] n’oubliera jamais, a-t-il répété à plusieurs reprises, ni la Hollande ni les Hollandais.»