S’il est aujourd’hui impossible de savoir avec précision si les créateurs de The Shadow ou de Batman se sont directement inspirés de Judex, on ne peut que constater que tous ces personnages découlent d’un même archétype qui s’est progressivement construit dans la littérature feuilletonante du XIXe siècle, à un moment où les élites ont eu besoin, face au développement des villes, de se rassurer en créant une nouvelle chevalerie.
Ce n’est que durant les années 1970 que se réinventera une forme d’autocritique de ce modèle. À ce moment-là, les auteurs de comics, s’inspirant sans doute de Monte-Cristo, finiront par représenter Batman comme un être ambigu, hanté par le meurtre de ses parents et par sa soif de vengeance.
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Pour en savoir plus :
William Blanc, Super-héros, une histoire politique, Paris, Libertalia, 2018
Umberto Eco, De Superman au surhomme, Paris, Livre de Poche, 1995 (1976)
Jean-Michel Ferragatti, L’Histoire des Super-Héros « Les Publications Américaines en France » (L’Âge d’Or 1939 - 1961), Marseille, éditions Neofelis, 2016
Xavier Fournier, Super-héros, une histoire française, Paris, Huginn & Muninn, 2014
Jean-Marc Lofficier (dir.), L’Ombre de Judex, Encino, Black Coat Press, 2013
Siegfried Würtz, Qui est le chevalier noir ? : Batman à travers les âges, Toulouse, Third éditions, 2019
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William Blanc est historien, spécialiste du Moyen Âge et de ses réutilisations politiques. Il est notamment l'auteur de Le Roi Arthur, un mythe contemporain (2016), et de Super-héros, une histoire politique (2018), ouvrages publiés aux éditions Libertalia.