1863 : fondation du Crédit Lyonnais
Le 17 juillet 1863 est créé le Crédit lyonnais. Cette création n’est pas la simple ouverture d’une banque classique supplémentaire ; il s’agit de la mise en application d’idées extrêmement novatrices pour l'époque.
Une économie en plein bouleversement
Durant le XIXe siècle, les innovations technologiques entraînent une modification en profondeur de l’organisation des entreprises.
Ces dernières deviennent plus grandes et ont donc besoin de capitaux de plus en plus importants, comme les établissements Koechlin et Cie à Mulhouse. Une seule personne ne pouvant investir autant d’argent, les entrepreneurs recherchent d’autres sources et d’autres méthodes d’investissement, comme l'émission d'obligations.
À partir des années 1850, le secteur bancaire connaît sa seconde révolution. En fait le système bancaire, depuis le début de la révolution industrielle, est dominé par la Banque de France, qui propose des prêts à court terme, et par la Haute Banque, qui gère les gros patrimoines.
Une nouvelle génération de banques, inspirées par les idées saint-simoniennes, voit alors le jour. Il s’agit dès lors de collecter la petite épargne afin de la diriger vers le marché financier ou vers les industries en proposant des comptes rémunérés.
Henri Germain, un banquier lyonnais
Lyon et sa région peuvent être considérés, au début des années 1860, comme étant la capitale économique de la France. Pôle exceptionnel d’entreprises, d’initiatives et de capitaux, c’est également la première région houillère, métallurgique et un centre textile de première importance.
Cela est dû en partie à la présence d’une aristocratie audacieuse, d’hommes d’affaires qui n’hésitent pas à investir dans plusieurs entreprises. C’est dans ce monde qu’a été élevé et qu’a vécu Henri Germain, fils de soyeux. Le 7 juillet 1863, il crée une banque à vocation régionale : le Crédit lyonnais. Pour réaliser son projet, il s’associe avec des hommes d’affaires lyonnais (Henry Jaubert, Joseph Ballon) mais aussi genevois.
On trouve également parmi les fondateurs des saint-simoniens : Arlès-Dufour, Enfantin, Talabot, Chevalier (conseiller de Napoléon III). Le saint-simonisme est une doctrine économique et politique qui a eu une grande influence durant le XIXe siècle. De nombreux intellectuels, industriels, ingénieurs, etc. sont membres de cette société qui se veut fraternelle.
Outre les aspects financiers et économiques, les saint-simoniens veulent promouvoir des initiatives visant à améliorer la vie des ouvriers, comme la mise en place d’une société d’instruction professionnelle pour les adultes.
Le Crédit lyonnais, une banque novatrice
La banque régionale répond à des besoins précis. Elle prend le relais de l’action des banquiers marchands de soie.
Profitant de l'expérience acquise par la fréquentation de plusieurs conseils d’administration, Henri Germain comprend que l’une des difficultés rencontrées par les entreprises est l’obtention d’un crédit. Sa doctrine, celle de la prudence, consiste à sécuriser la banque, qui repose sur ses liquidités et donc sur les prêts à court terme. Afin de limiter ce risque, un service des Études financières est mis sur pied en 1871.
Grâce à des choix audacieux et novateurs, comme le billet à intérêt, le Crédit lyonnais connaît un succès rapide, son capital passant de 8 à 200 millions de francs entre 1863 et 1883.
Bien qu’elle soit née dans un foyer industriel prospère, la banque s’installe dans plusieurs villes, comme Paris et Marseille, dès les premières années. Par la suite, son réseau de succursales s’étendra à l’ensemble du territoire français.
En 1899, le Crédit lyonnais est considéré comme la première banque mondiale, avec un bilan de 1,7 milliard de francs.
Henri Germain (1824-1905)
Fils d’un soyeux lyonnais, Henri Germain réalise des études de droit puis mène une vie de dilettante. Il se constitue un important réseau de connaissances, dont certains membres du cercle des saint-simoniens qui lui font découvrir les nouveaux moyens de financement de l’économie. Il est l’un des fondateurs du Crédit lyonnais en juillet 1863. Il se lance, en parallèle à sa carrière dans la banque, dans une carrière politique, étant élu député de l’Ain de 1869 à 1893. Il théorise la séparation des activités des banques de dépôt de celles des banques d’affaires (doctrine Germain).