La bataille de Waterloo en 1815
La bataille de Waterloo le 18 juin 1815 met fin aux prétentions impériales de Napoléon Bonaparte. Peu après cette défaite, il abdique contre les armées anglo-prussiennes de Wellington et Blücher. Waterloo est devenu un mythe, celui de la « défaite glorieuse », construit par Napoléon lui-même mais également un sujet de débats sur les responsabilités de la défaite.
La fin des ambitions napoléoniennes
Napoléon Bonaparte, exilé sur l’île d’Elbe après son abdication en avril 1814, débarque au Golfe-Juan le 1er mars 1815 pour reprendre le pouvoir. Louis XVIII quitte précipitamment les Tuileries le 19 mars : Bonaparte entre à Paris le lendemain à la tête d’une armée et accompagné d’anciens officiers impériaux. Ainsi commence l’épisode des Cents-Jours qui s’achève à Waterloo le 18 juin 1815.
Le Journal de l’Empire publie et commente un extrait du Moniteur de Gand (principal organe de presse de Louis XVIII), dans lequel les puissances coalisées, réunies au Congrès de Vienne mettent Napoléon Ier au ban de l’Europe le 13 mars et lui déclarent la guerre. Napoléon Ier tente de prendre de vitesse les coalisés en lançant son armée du Nord (125 000 hommes) vers Bruxelles à la recherche d’une bataille décisive pour forcer les puissances européennes à négocier.
L’échec du 18 juin 1815 met fin aux rêves de grandeur de Napoléon. Il décide d’abdiquer le 22 juin 1815 et finit ses jours déporté sur l’île Sainte-Hélène. Louis XVIII est rétabli sur le trône le 8 juillet 1815 grâce aux volontés britanniques et aux manœuvres de Joseph Fouché, président de la commission du gouvernement : c’est le point de départ de la seconde Restauration en France.
Napoléon Bonaparte (1769-1821)
Officier français devenu général dans les armées républicaines, acquis aux idées révolutionnaires, il prend le pouvoir par le coup d’État du 18 Brumaire (1799). Il se proclame empereur des Français et est sacré le 2 décembre 1804. Austerlitz incarne le plus haut fait d’armes de Napoléon. La guerre d’Espagne et l’échec de la campagne de Russie font vaciller son pouvoir et il doit abdiquer en avril 1814. Son retour de l’île d’Elbe durant les Cent-Jours marque le crépuscule de son pouvoir, dont la défaite de Waterloo en 1815 scelle le sort et la déportation sur l’île de Sainte-Hélène.
La bataille vue par la presse
Les premiers récits de la bataille sont immédiatement publiés dans le Moniteur universel et dans le Journal de l’Empire : il s’agit de l’annonce de la défaite par Napoléon le 21 juin, du discours du maréchal Drouot à la Chambre des Pairs le 23 juin, du récit de Wellington publié le 27 juin et de la lettre du maréchal Ney à Fouché. Toutefois, l’événement est peu commenté dans la presse dans les jours qui ont suivi le désastre.
L’armée du Nord franchit la frontière belge le 15 juin 1815. Napoléon veut s’infiltrer entre les armées anglo-hollandaises commandées par Wellington et les armées prussiennes du Feldmarschall Blücher pour les battre avant qu’elles ne se rejoignent. Le 16 juin, le maréchal Ney force Wellington à se replier sur Mont-Saint-Jean après la bataille des Quatre-Bras tandis que Napoléon bat les Prussiens à Ligny. Il envoie, le 17, le maréchal Grouchy avec 30.000 hommes à leur poursuite.
« Vers neuf heures, le temps s’éleva le vent sécha un peu la campagne, et l’ordre d’attaquer à midi fut donné » avance le Journal de l’Empire. Les nombreuses charges du maréchal Ney épuisent la cavalerie sans briser la défense anglaise. L’arrivée des Prussiens et la contre-offensive britannique submergent les troupes françaises. Waterloo se solda par de lourdes pertes : on dénombre plus de 50 000 morts et blessés dont plus de 28 000 côté français. Pourtant, la presse ne fait quasiment pas mention de la violence des combats. Seul Ney évoque le « carnage » « […] le plus épouvantable » qu’il ait jamais vu.
Une « défaite glorieuse » ?
Napoléon crée lui-même le mythe de Waterloo à travers sa relation de la bataille et son Mémoire pour servir à l’histoire de France de 1815 dont le Le Constitutionnel publie des extraits. « La bataille était gagnée » déclare Napoléon qui, comme ses officiers, n’a de cesse de montrer que, sans les Prussiens, les Britanniques auraient été vaincus, ce qu’admet timidement Wellington.
La question de la responsabilité de la défaite hante les Français. « Est-ce le maréchal Ney ou le général Grouchy, est-ce Buonaparte qui a fait des fautes funestes à l’armée française ? Est-ce Blücher ou Wellington qui a décidé le succès des alliés ? » se demande le Journal des débats. Napoléon impute à Grouchy et à Ney la responsabilité de la défaite et dénonce également « des cris "tout est perdu, la garde est repoussée" » qui démobilisèrent les troupes.
Cependant, la bataille de Waterloo est entrée dans la mémoire collective comme un des plus hauts faits d’armes français, immortalisé par les « grognards », par le dernier carré, et par le cri (mythique ?) de Cambronne « La garde se meurt mais ne se rend pas ! ». Emblématique de l’héroïsme et du sacrifice des soldats français sous la IIIe République, elle est exploitée par Le Petit journal pour développer le sentiment national et le culte de l’armée.
C’est Wellington qui donne le nom de Waterloo à la bataille. Le site devient un lieu de mémoire britannique et un site touristique de plus en plus visité. Il faut attendre 1904 pour que la France y inaugure un monument commémoratif dédié aux vaincus.
Arthur Wellesley, Duc de Wellington (1769-1852)
Issu de la noblesse irlandaise et formé dans de prestigieuses écoles militaires anglaises, il devient lieutenant-colonel en 1793 et sert aux Indes. Il construit sa réputation contre les armées napoléoniennes en remportant des victoires décisives en Espagne qui lui valent le titre de duc de Wellington. Il est nommé plénipotentiaire au congrès de Vienne. C’est toutefois à Waterloo le 18 juin 1815 qu’il devient un héros de la nation anglaise. Commandant en chef des armées britanniques, il s’impose également comme la figure montante du parti Tory et entame une carrière politique entre 1828 et 1846.