Séquence pédagogique

Les « vêpres marseillaises » de 1881

le par - modifié le 02/05/2023
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RetroNews et Clionautes se sont associés pour proposer des séquences pédagogiques sur les sujets du programme d'Histoire. L'objectif de cette séance est d'étudier l'impact de l'immigration sur la population française en s'appuyant sur l'exemple de la ville de Marseille.


Niveau Première | Thème 3 - La Troisième République avant 1914 : un régime politique, un empire colonial | Chapitre 2 - Permanences et mutations de la société française jusqu'en 1914.

SÉQUENCE PÉDAGOGIQUE CLÉ EN MAIN

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Introduction

Document d’accroche : Rixes sanglantes dans les rues de Marseille entre français et italiens

« À peu près à la même heure, éclatait sur la voie publique, en face d’une buvette tenue par la veuve G..., à l'angle de l’avenue d’Arenc et du boulevard National, une rixe sanglante où le couteau jouait encore le principal rôle. Un Italien frappé d’un coup de stylet dans le flanc, rentrait dans l’établissement en s’écriant : « Je suis mort ! ». Le pauvre diable a été transporté à son domicile, où il a reçu les premiers soins [...].Vers 4 heures et demie, une rixe sanglante avait lieu sur la place Pentagone. Un jeune ouvrier italien, portant son pain sous son bras et se rendant à son travail, fut assailli sur la place Pentagone par un groupe de jeunes gens, qui eurent bientôt fait de lui mettre le visage en sang. Un sergent de ville du bureau du 15e arrondissement essaya d’intervenir, mais il dut, devant les exigences de la foule surexcitée, laisser en liberté le principal agresseur du pauvre ouvrier qui s’enfuit la tête en capilotade. »

Document de mise en contexte : Rentrée des troupes en France. Désordres à Marseille

« Au moment du défilé, des troupes dans la rue de la République, des coups de sifflets partis du Club national italien attirèrent l’attention de la foule, qui aussitôt le défilé terminé, se massa devant la maison du cercle. »

Marseille, symbole de l’immigration

Questions

1.   Combien Marseille compte-t-elle d’immigrés italiens en 1881 ?
2.   Quelles professions ces Italiens occupent-ils ?
3.   Où s’installent les Italiens à Marseille ?
4.   Comment expliquer l’importance de la colonie transalpine à Marseille ?
5.   Quelles sont les difficultés auxquelles les immigrés italiens peuvent être confrontés ?

Document 1 : Recensement des activités professionnelles des Italiens à Marseille en 1881

Revue d’histoire contemporaine (1954)

Document 2 : Principaux quartiers de Marseille habités par des italiens en 1881 

Revue d’histoire contemporaine (1954)

Document 3 : Affiche « Port Marchand » de F. Hugo d’Alési

Document 4 : Une main d’œuvre bon marché

« Les grandes industries qui emploient une main-d’œuvre essentiellement italienne sont : des huileries et savonneries, raffineries de sucre, fabrique de pâtes alimentaires et semouleries, tanneries, usines de produits chimiques, tuileries, usines métallurgiques. Voués aux travaux les plus durs et les plus dangereux, les Italiens reçoivent un salaire très faible, de 3,5 fr à 5 fr par jour en moyenne. L’Italien et notamment le Piémontais travaille en général pour un salaire inférieur d’un tiers à celui des ouvriers français. »

Revue d’histoire contemporaine (1954)

Marseille, capitale de la xénophobie ?

Questions : 

1.   En utilisant les extraits de presse sélectionnés, retracez les événement qui se sont produits à la suite du défilé militaire.
2.   Montrez que les événements ont très largement été relayés par la presse.
3.   Montrez en quoi les événements qui se produisent à Marseille sont à la fois l’action de quelques voyous mais également un conflit social plus profond qui touche le pays.

Document 1 : Les troubles de Marseille

« L'agitation dès le début semble avoir été menée par un ou plusieurs groupes de jeunes gens d'une vingtaine d'années. Dès quatre heures du matin, samedi, des rixes commençaient à se produire entre Français et Italiens sur divers points de la ville, notamment à la place Neuve et à la Tourette. De cette esplanade élevée une bande de gamins lançait des pierres sur les passants qu'au juger ils supposaient devoir être italiens.
À cinq heures 1/2, au moment où les ouvriers se réunissent sur le cours Belsunce pour être embauchés, une troupe de jeunes gens ont commencé à faire une chasse beaucoup plus active aux italiens qu'ils rencontraient, les huant et leur administrant des coups plus ou moins forts.
À neuf heures du matin, la bande, revenue sur le cours Belsunce, rencontra un Italien et se mit à ses trousses ; mais ce dernier fit volte-face et sortit un couteau de sa poche. À cette vue les agresseurs jugèrent prudent de s'éloigner. […]
Depuis huit heures, rixes sanglantes entre Français et Italiens. On parle de trois morts dont un soldat du 40e de ligne et de nombreux blessés. La municipalité est en permanence à la mairie. L’autorité préfectorale fait fermer les cafés. De nombreuses patrouilles, soldats, police et gendarmerie parcourent la ville. »

 Document 2 : Rixes sanglantes dans les rues de Marseille entre français et italiens

« Vers 4 heures et demie, une rixe sanglante avait lieu sur la place Pentagone. Un jeune ouvrier italien, portant son pain sous son bras et se rendant à son travail, fut assailli sur la place Pentagone par un groupe de jeunes gens, qui eurent bientôt fait de lui mettre le visage en sang.
À cinq heures 1/2, au moment où les ouvriers se réunissent sur le cours Belsunce pour être embauchés, une troupe de jeunes gens ont commencé à faire une chasse beaucoup plus active aux italiens qu'ils rencontraient, les huant et leur administrant des coups plus ou moins forts.
À neuf heures du matin, la bande, revenue sur le cours Belsunce, rencontra un Italien et se mit à ses trousses; mais ce dernier fit volte-face et sortit un couteau de sa poche. À cette vue les agresseurs jugèrent prudent de s'éloigner. »

Document 3 : Troubles à Marseille

« Le fait du coup de sifflet parti du club italien au moment du défilé des troupes est absolument confirmé. […]
Avant la fermeture du cercle par l’autorité, la foule, animée d’un sentiment de pur patriotisme, exaspérée de cette grossière insulte, a houspillé maint Italien.
La journée du lendemain, dimanche, a été funeste. On s’est livré à des violences mutuelles et une véritable chasse à l’homme a commencé. Les meurtres se succédaient. J’ai vu, place Belsunce, une victime étendue au sol.
A deux pas de la Canebière, vers neuf heures du soir, des bandes de gamin chantant la Marseillaise et criant : « A l’eau ! » À l’eau se précipitaient sur les Italiens qu’ils rencontraient et sur toutes les personnes qui blâmaient les violences.
Plusieurs passants furent jetés à l’eau, au port, par la foule, le samedi et le dimanche.
[…]
L’initiative des scènes de meurtre semble revenir aux ouvriers Italiens qui ont attaqué des jeunes gens et ont joué du couteau avec un acharnement féroce, frappant dessus à coups de croche pour mieux enfoncer l’arme. »

Document 4 : Tribunaux

« Le mercredi 29 juin dernier, une cinquantaine de jeunes gens appartenant pour la plupart à cette classe d’ouvriers incapables de travailler sérieusement, et qui sont connus à Marseille sous la dénomination de « nervis » se sont présentés dans la matinée, à la septième section des docks, dite des « Vitrés » et ont manifesté l’intention d’empêcher les ouvriers italiens de travailler. Voyant qu’on tenait peu compte de leurs observations, ils ont menacé de jeter à la mer, employés et ouvriers. » 

Évaluation

Questions : 

1.   Rappelez brièvement les événements qui se sont produits à Marseille en juin 1881.
2.   En vous aidant des extraits de presse sélectionnés, indiquez les conséquences sociales des « vêpres marseillaises ».
3.   Dans une réponse organisée, vous montrerez comment les populations marginalisées (ouvriers et immigrés) de la IIIème République, s’unissent dans un combat commun.

Document 1 : Appels à la concorde

« Le congrès régional ouvrier du Midi réuni à cette, adresse l’appel suivant aux ouvriers de Marseille :

« Déshérités, travailleurs de France et d’Italie, Compagnons, assez de sang versé. Les travailleurs de tous les pays sont solidaires. Cessez des luttes fratricides qui ne peuvent qu’être fatales au parti des travailleurs. Serrons les rangs et marchons ensemble à la conquête de nos droits ! » »

Document 2 : Le meeting de l’Elysée-Montmartre

« Le 23 juillet 1881, l’Union fédérative des travailleurs socialistes français se tient à Paris et la séance se termine par l’adoration de la résolution suivante :

« Le parti ouvrier français déclare responsables - et exclusivement responsables - des troubles de Marseille et leurs conséquences internationales, les fabricants marseillais et autres qui, spéculant sur la faim des travailleurs étrangers pour augmenter leurs profits, se sont servis et se servent de ces affamés, italiens, espagnols, belges, etc., pour affamer les travailleurs français. Il ne voit et ne verra jamais dans les prolétaires des autres pays que des victimes de la même exploitation capitaliste, des frères de misère destinés à devenir des frères de lutte et de révolution… » »

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