Inauguration de la ligne Le Havre-New York en 1864
Le 15 juin 1864, le paquebot Washington quitte Le Havre pour New York. C"est le début de la transatlantique ou "French line", une ligne mythique qui incarne les différentes facettes de la relation particulière qu'entretiennent la France et les Etats-Unis.
Une nouvelle ligne postale
Ce paquebot, vient inaugurer la ligne française qui deviendra la plus importante de toute l’Atlantique Nord.
Le Havre, à l’embouchure de la Seine constitue un point de départ privilégié pour les liaisons transatlantiques et New York, la porte d’entrée du territoire américain.
Plusieurs tentatives de liaisons régulières avaient échoué faute de capitaux. Grâce à des subventions de l’Etat sous le Second Empire une ligne régulière a pu voir le jour.
Il s’agit en priorité d’acheminer le courrier, d’où le nom « paquebot » ou packet-boat en anglais. D’ailleurs Le Constitutionnel du 11 juin 1864 parle d’un « paquebot-poste » et reproduit la grille de la taxe des lettres et des imprimés selon la destination.
Il est également prévu de transporter voyageurs et marchandises.
Le « Washington »
Le « Washington » est le premier d'une série de huit paquebots à roues commandés, pour trois d'entre eux, en Ecosse où le coût de fabrication est moins élevé, et pour les cinq autres aux chantiers de Penhoët à Saint-Nazaire, nouvellement créés par les frères Péreire.
La première traversée a duré 13 jours. Or le bateau n'était pas pourvu d'électricité. Afin de tenir pendant deux semaines, les bêtes (cochons, vaches, volailles…) étaient embarquées vivantes.
Lorsque le paquebot entre en fonction, il affiche 5600 tonneaux et 950 chevaux comme le rappelle Le Siècle du 13 juin 1864, il est équipé de roues à aube auxquelles en 1868 on substitue des hélices pour gagner du temps sur le trajet. Il est encore pourvu de voiles et de mats pour sécuriser la traversée et ce tout en intégrant les innovations techniques les plus récentes.
Accidenté le 4 février 1899 (il a heurté le pont tournant de Saint-Nazaire) il est démoli à Marseille en 1900.
Un fleuron de la Transat
La Compagnie Générale Transatlantique (ou Transat) qui a commandé le Washington, a été fondée en 1855 par les frères Péreire, des industriels du chemin de fer qui détiennent aussi des organismes de crédit.
Dans la convention postale signée avec l’Etat en 1860, et d’après une loi de 1862 que cite Le Siècle du 19 juin 1864 la Compagnie s’engage, contre des subventions annuelles nécessaires aux investissements, à desservir pendant vingt ans les lignes transatlantiques jusqu’à New York, à Panama, aux Antilles et au Mexique.
Les premiers paquebots, le « Louisiane » et le « Floride », partent ainsi de Saint-Nazaire pour les Antilles en 1862 ce que mentionne Le Siècle mais pour l’année 1863.
A partir des années 1870, la Compagnie connaît une période de difficultés du fait des tensions internationales (la guerre de 1870), d’accidents et de la concurrence. Elle connaît un renouveau au début du XXe siècle en faisant le choix de privilégier une clientèle fortunée. Les années 1920-1930 marquent l’âge d’or du trafic transatlantique autour de quelques figures marquantes comme l’ «Ile-de-France» et le « Normandie ».
Emile et Isaac Pereire (1800-1875) - (1806-1880)
Juifs d’origine portugaise, les frères Pereire sont des industriels, des banquiers et des entrepreneurs du XIXe siècle. Ils jouent un rôle important lors de la Révolution industrielle en fondant un véritable empire. Ils investissent dans les chemins de fer, créent en 1852 le Crédit Mobilier pour financer les projets industriels. En 1855, ils sont à l’origine de la Compagnie Générale Maritime qui deviendra la Compagnie Générale Transatlantique. Ils s’intéressent à de nombreux secteurs : les hôpitaux, les omnibus jusqu’aux opérations immobilières avec, entre autres, le Parc Monceau à Paris ou encore à Arcachon où se retire Emile Pereire.
Renflouement du Paquebot Normandie
Reportage à New York sur le redressement et renflouement du Paquebot Normandie, victime en février 42 d'un accident qui l'avait fait chavirer. Vingt mois d'efforts après, l'épave du navire est redressée puis remorquée vers un chantier de Brooklyn.Document muet
Bibliographie
Philippe Masson, Histoire de la marine. De la vapeur à l’atome (tome 2), Paris, C. Lavauzelle, 1992.
Ludovic Trihan, La Compagnie Générale Transatlantique. Histoire de la flotte Grenoble, Glénat, 1991.