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Figure majeure mais longtemps méconnue de la résistance allemande, Georg Elser a tenté d’éliminer Hitler en 1939 pour empêcher la poursuite de la guerre déclarée deux mois plus tôt.
8 novembre 1939, Munich. Une bombe explose à la brasserie Bürgerbräukeller, là où Adolf Hitler vient de prononcer un discours devant une salle comble réunie pour célébrer le putsch raté de 1923.
Cinq personnes dont quatre membres du parti nazi sont tuées, seize grièvement blessées. Hitler, lui, en réchappe – il a quitté la salle treize minutes plus tôt que prévu.
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L'auteur de l'attentat, Georg Elser est arrêté alors qu'il tentait de fuir en Suisse. Il a alors 36 ans. C'est un ancien membre de l'« Union des combattants du Front rouge », l'organisation combattante du Parti communiste d'Allemagne. Issu d'un milieu modeste, cet ébéniste, qui a toujours refusé l’hégémonie nazie, s'est mis quelques mois avant à « étudier l'horlogerie »...
Il est arrêté le 8 novembre 1939 à 20h45. Niant dans un premier temps, il passe vite aux aveux : il a agi seul. Pendant des mois, il a conçu et fabriqué la bombe artisanale qu’il destinait à tuer Hitler. Il a créé son mécanisme retardateur à partir de quatre ou cinq réveils et de deux pendules achetés chez un horloger ; il a loué les ateliers d’un serrurier, d’un mécanicien, d’un fabricant d’outils et d’un menuisier. La préparation minutieuse de l’attentat est digne d’un roman policier, écrit la police du Reich :
« D'une façon qui aurait pu être facilement imaginée par l'auteur d'un roman policier, Georg Elser avait disposé, au cours d'un travail minutieux qui avait duré des semaines, dans une des colonnes du Burgerbrau, un dépôt d'explosifs qui devait éclater six jours après sa mise en place. »
La propagande nazie cherche immédiatement à le faire passer pour un agent des services britanniques, alors même que la Gestapo et la police criminelle du Reich ont vite acquis la certitude qu’il a agi en solitaire. Les déclarations d'Elser sont tenues secrètes et pour cause : Hitler et Joseph Goebbels veulent impliquer dans l'attentat les services secrets britanniques, ainsi qu’Otto Strasser, un ancien nazi alors réfugié en Suisse.
Dès le 23 novembre, l’envoyé spécial du Journal démonte la propagande nazie :
« Il est certain qu'on n'aura jamais vu plus mauvais scénario que celui que la Gestapo vient de présenter à l'opinion mondiale pour justifier les actes de piraterie décidés par le gouvernement berlinois. [...]
On remarquera aussi qu'aucune preuve d'aucune sorte n'est apportée par la police nazie à l'appui de ses allégations : elle accuse, affirme, soutient, mais ne démontre rien.
Bien entendu, un jour peut venir où, dans un procès sensationnel, un vrai procès de police de régime, le nommé Georg Elser dopé, maltraité et “préparé” par des toxiques, comme l'a été avant lui le triste Van der Lubbe, confirmera à la barre qu'il est bien l'auteur de l'attentat et qu'il a été payé par l'Intelligence Service. »
En réalité, contrairement à l’information qui circule quelques jours après son arrestation, selon laquelle il allait être pendu dans les jours suivants, Georg Elser n'est pas exécuté et, surtout, il n'est traduit devant aucun tribunal.
Il reste prisonnier à Berlin jusqu’en 1941, avant d’être transféré à la prison du camp de concentration de Sachsenhausen, puis au camp de Dachau en 1944. C’est là qu’il est exécuté le 9 avril 1945. La propagande nazie cherchera à faire passer son exécution pour un accident survenu lors d’un bombardement. Il est probable qu’Elser était gardé « en réserve » dans l'attente d’un grand procès qui aurait dû se tenir après la guerre, et qui aurait permis à Goebbels et Hitler de démontrer la responsabilité des Britanniques dans l’attentat du 8 novembre 1939.