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RetroNews | la Revue n°3
Au sommaire : un autre regard sur les explorations, l'âge d'or du cinéma populaire, et un retour sur la construction du roman national.
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La presse ancienne, officielle comme clandestine, collaborationniste comme résistante, offre une immersion unique dans la guerre de 39-45. Elle permet non seulement de suivre l’actualité des conflits au jour le jour mais également de mesurer leur impact au niveau individuel, au travers de listes nominatives de combattants, prisonniers, réfugiés ou victimes diverses.
Les célébrations du 8 mai constituent, chaque année, une nouvelle occasion de se remémorer les effets tragiques de la Seconde guerre mondiale. Si les conséquences globales, à l’échelle nationale et mondiale, sont sans cesse rappelées à grand renfort de dates et de chiffres, de noms de chefs et de batailles, qu’en est-il des répercussions sur les contemporains des événements ? Dans quelle mesure les vies de millions de familles françaises ont-elles été bouleversées ? Bref, comment ont-elles vécu la guerre au quotidien ? Les réponses se trouvent dans la presse ancienne, pour peu que l’on s’y attarde.
Parcourir les journaux de l’époque des conflits, c’est s’embarquer pour un voyage à travers le temps et s’inviter au cœur des événements. Et RetroNews représente l’agence de voyage idéale. Pour ce faire, il suffit de se tourner vers la recherche avancée (réservée aux abonnés) et d’appliquer différents filtres en sélectionnant la période de son choix (ex : du 01/09/1939 au 31/12/1945) et un titre de presse (ex : L’Excelsior) ou un type de presse (ex : « illustrée » afin de disposer de photographies). Une fois sélectionné un numéro de journal, nous pouvons aisément revivre au quotidien les développements de la guerre grâce à la vue « Calendrier », située en haut à gauche, et naviguer de Une en Une.
Néanmoins, la presse ancienne propose un second niveau de lecture, plus discret, plus personnel, plus humain, pour le plus grand bonheur des généalogistes, et ce en publiant des listes nominatives de toutes sortes. Ce faisant, elle immortalise certains individus – qu’il s’agisse de combattants ou de victimes des conflits – et offre l’opportunité inestimable de retrouver un membre de sa famille pris dans la tourmente. Dans quel cas ? Réponse à travers quelques exemples.
De nombreux combattants de la Seconde Guerre mondiale sont listés dans la presse locale, en particulier lorsqu’ils sont « tombés au champ d’honneur ». Un dernier hommage, sous forme d’une brève, est alors rendu au héros par le journal du secteur. En outre, le Journal officiel publie de nombreuses listes de « morts pour la France », en particulier lorsqu’ils font l’objet d’une décoration posthume. Ces mentions sont particulièrement précieuses du point de vue généalogique, comme l’illustre cet extrait du Journal officiel du 6 mai 1940, puisqu’elles précisent l’identité du combattant, son grade, son numéro matricule, son attitude au combat, ses actes de bravoure, ses citations, les circonstances précises de son décès et la décoration accordée en conséquence :
Le Journal officiel fait également état des décorations militaires (croix de guerre, médaille militaire, Légion d’honneur…) accordées aux combattants pour leur bravoure. Le décret précise la distinction octroyée, la date de la décision ainsi que le grade, l’unité, les actions d’éclat, la date de la blessure et le nombre de citations, comme en témoigne cet extrait du Journal officiel du 17 avril 1940 :
« Citations à l’ordre de l’armée (comportant attribution de la Croix de guerre avec palme)
[…]
POCHARD (Henri), soldat, m[atricu]le 5622 : soldat d’élite. Volontaire pour le groupe temporaire, a participé à toutes les reconnaissances très profondes en avant de nos lignes. Le 13 janvier 1940, s’est remarquablement comporté au cours d’un accrochage sous bois, en partant immédiatement à l’attaque, utilisant en marchant le tir de son fusil mitrailleur. S’est admirablement comporté le 19, au cours d’un violent engagement, alors qu’avec quelques camarades groupés, autour du lieutenant, il tenait tête à un adversaire très supérieur en nombre. »
Ces citations, au-delà de révéler les actions d’éclat de certains individus exemplaires, donnent un aperçu précieux du terrible quotidien des soldats pendant le conflit.
Certains soldats échappent à la mort mais pas à l’ennemi. Des centaines de milliers de soldats sont ainsi faits prisonniers de septembre 1939 à juin 1940, date de la défaite française. L’autorité militaire allemande établit alors des listes officielles de prisonniers de guerre à partir d’août 1940 afin de donner des nouvelles aux familles, comme l’annonce cet article du Journal des débats politiques et littéraires du 18 août 1940 :
Au total, 100 listes officielles, consultables dans Gallica, seront progressivement établies de 1940 à 1941. Elles indiquent, pour chaque prisonnier, ses nom, prénoms, date et lieu de naissance, grade et unité ainsi que son camp d’emprisonnement.
L’invasion allemande en mai et juin 1940 provoque une panique généralisée et un exode massif. C’est la débâcle. Des millions de civils s’entassent dans les gares et sur les routes, emportant avec eux quelques maigres bagages. Des familles sont dispersées, des enfants séparés de leurs parents et perdus de vue, parfois pendant plusieurs semaines, comme l’attestent les avis de recherche publiés dans la presse. Certaines rubriques de journaux telles que celle-ci, intitulée « Les enfants perdus » et tirée du journal Le Figaro du 16 août 1940, laissent imaginer le désarroi des familles concernées :
Soudain, les millions de réfugiés de la Seconde guerre mondiale prennent corps. Ils deviennent tout à coup palpables et vivants à la lecture de ces avis de recherche désolants, de ces noms d’enfants qui les incarnent.
Certains Français refusent la défaite et rejoignent la Résistance. Plus de 4500 numéros de journaux résistants, tels que le Combat et L’Aurore, sont en ligne dans RetroNews et peuvent être consultés en sélectionnant « Presse de résistance » au niveau du filtre « Type de presse ». Il n’est pas rare d’y trouver des listes de fusillés, qualifiés « d’otages » par les journaux officiels et de « martyrs de la Résistance » par les journaux opposés au Régime de Vichy. Citons à titre d’exemple Le Matin du 23 octobre 1941 qui communique la liste des 48 otages fusillés la veille, au rang desquels figure Guy Môquet, 17 ans. Certaines victimes se voient attribuer à titre posthume la Croix de la Libération, par décret publié dans le Bulletin officiel des Forces françaises libres, tel François Perron dans le numéro du 20 janvier 1942 :
Moins glorieux, les collaborationnistes peuvent également être identifiés dans la presse ancienne. En effet, les journaux clandestins de la Résistance n’hésitent pas à diffuser des « listes noires » de traîtres afin de les livrer à la vindicte populaire. Elles précisent généralement les noms, professions et exactions des « collabos » à l’image de cette liste tirée du Combat du 25 septembre 1943 :
« LA GESTAPO ET LES SIENS
[…]
Nous avertissons aujourd’hui M. THOUMARS, Préfet de Saône-et-Loire, M. SOULIER, secrétaire-général de la Préfecture de l’Ain ainsi que le nouveau Préfet du Jura que nous les tenons à l’œil ; mais pour ROBERT, inspecteur de police aux renseignements généraux de Vichy, véritable tortionnaire ; pour le colonel THEZE, du Vésinet (S. et O.), agent de la Gestapo sous couvert d’affaires syro-libanaises ; pour GENTON, droguiste à Annemasse, chef d’équipe de la Milice ; DURAND, commissaire municipal d’Annemasse […] pour les inspecteurs MONNIER, MOINE, GUILLEMIN et MARTIN, coupables d’avoir torturé des jeunes gens […] pour le nommé GERBELOT, menuisier à Chindrieux (Savoie), ayant dénoncé 19 réfractaires au S. T. O. … Pour tous ces misérables, il est trop tard. »
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Au lendemain de la Libération, une épuration est en effet orchestrée afin de juger et condamner les anciens collaborationnistes. Tous les secteurs sont touchés, qu’il s’agisse des administrations ou des entreprises. Durant plusieurs années, des colonnes de journaux, titrées « L’épuration », « L’épuration continue » ou encore « L’épuration se poursuit » sont ainsi consacrées à cette purge et livrent les noms et professions des accusés, tel cet article du 9 septembre 1944, paru dans le Combat :
« L’épuration continue :
D’Alger, Radio-France annonce l’arrestation de Darquier de Pellepoix, ancien commissaire aux Affaires juives.
A Paris, le ministère de l’Intérieur communique une nouvelle liste d’arrestations où figurent les noms suivants :
René Fonck, industriel, colonel de réserve de l’aviation ; le gouverneur Brévié, ex-ministre des Colonies ; de Rohan-Chabot, directeur de la Croix-Rouge ; Baptiste Barbagelata, délégué départemental au Ravitaillement général de la Seine ; Paul de Montaignac, secrétaire général de l’Echo de la France ; Maxime Biahn dit Max Bihan, journaliste ; Henri Kobler ; Gabriel Le Roy-Ladurie, frère de l’ancien ministre de Vichy, et Worms, banquier. »
Comme le laissent entrevoir ces quelques exemples, les journaux d’époque, parsemés de listes nominatives de toutes sortes, offrent une opportunité unique de retrouver des mentions de ses ancêtres au cours de la Seconde Guerre mondiale. Et plus généralement, une impression savoureuse se dégage à la lecture de la presse ancienne : celle d’être aux premières loges et de vivre les événements du passé à travers le regard de leurs contemporains, mais aussi et surtout, par le truchement d’individus ordinaires, parfois de notre famille.
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Passionné de généalogie depuis l’âge de douze ans, Tony Neulat est rédacteur dans La Revue française de généalogie et membre de la European Academy of Genealogy. Il partage, depuis 2009, son expérience et ses conseils à travers ses publications et ses formations. Il est également auteur des guides Gallica et RetroNews : deux eldorados généalogiques, Retrouver ses ancêtres à Malte et Trouver des cousins inconnus ou perdus de vue.
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