Archives de presse
La Guerre d’Espagne à la une, 1936-1939
Reportages, photo-journalisme, interviews et tribunes publiés à la une à découvrir dans une collection de journaux d'époque réimprimés en intégralité.
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En 1948, Marcel Cerdan affronte Tony Zale pour le titre de champion du monde des poids moyens. Avec sa victoire, le « Bombardier marocain » confirme sa conquête de l’Amérique.
21 septembre 1948. L’excitation est à son comble des deux côtés de l’Atlantique. Le soir est tombé sur le Roosevelt Stadium de Jersey City, en face de New York, mais le décalage horaire n’empêche pas les Français de se grouper derrière leur poste de radio.
Ce soir le boxeur français Marcel Cerdan affronte l'Américain Tony Zale pour le titre de champion du monde des poids moyens. Et devant l’enjeu du combat, la radiodiffusion française a joué dans la catégorie poids lourds :
« Considérant l’importance du championnat du monde de poids moyens Marcel Cerdan contre Tony Zale, la radiodiffusion française a établi pour demain, sur la chaîne nationale, des programmes spéciaux dont voici l’essentiel :
À 2 h. 45 du matin, les anciens champions du monde lancent un message à Marcel Cerdan ;
À 3 heures, reportage en direct du combat par Pierre Crenesse, directeur des services de la radiodiffusion française à New-York ;
À 6 h. 40 et 8 h. 30, reconstitution du match. Ces dernières émissions seront présentées, commentées et illustrées par les phases importantes de ce championnat, enregistrées dans le reportage de Pierre Crenesse. »
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Sans surprise, les journaux français placent « Le Bombardier marocain » favori devant Zale. S’il tient les cinq premiers rounds selon L’Aube, Marcel Cerdan en sortira vainqueur.
« Zale frappe très fort, mais il est vulnérable, a-t-il déclaré. J’ai soigné particulièrement ma défense, il ne me touchera pas aussi facilement et il trouvera souvent mes poings et mes coudes au passage.
Autres faits qui militent en faveur de Cerdan : son souffle, sa vitesse de jambes, sa souplesse, en un mot un déplacement plus rapide sur le ring. »
Le journal rappelle dans ses pronostics que même les plus grands boxeurs américains donnent Cerdan vainqueur du match : « Georgie Abrams, Joe Louis, Rocky Graziano, Ray Robinson, Jim Braddock pensent que Cerdan l'emportera. »
Au terme d’un combat rude, la victoire est au bout des gants de Cerdan. Tony Zale abandonne au 12e round, après avoir été mis KO à la 11e reprise et n’avoir été sauvé que par le gong. Marcel Cerdan est le nouveau champion du monde des poids moyens.
Cette victoire récompense le travail acharné du gamin de Casablanca monté sur un ring grâce à son père et dont le parcours, presque sans faute, éblouit au-delà des amateurs de boxe.
« Cerdan, champion du monde !
Cette nouvelle qui s'est répandue comme une traînée de poudre dans les milieux sportifs français a comblé de joie les nombreux supporters du sympathique boxeur marocain. Les profanes eux-mêmes ont compris la signification de ce succès retentissant qui honore un pugiliste loyal et consciencieux en même temps qu'il hisse le prestige de notre sport au premier plan international.
Cerdan a amplement mérité ce titre qui lui eût échu presque obligatoirement si la guerre n'avait pas interrompu pour plusieurs années sa brillante carrière. Il a dû attendre dix ans de plus, mais il est tout de même arrivé à exaucer ses vœux. »
L’Aube rappelle le parcours impressionnant de Cerdan, qui a commencé à boxer en Afrique du Nord dans les années 1930, raflant au passage les surnoms de « Bombardier marocain » et d’« Homme aux mains d’argile ».
« Sur 114 combats disputés – y compris celui contre Zale – il en enleva 65 avant la limite (39 par KO, 17 par abandon, et 9 par arrêt de l'arbitre) et 46 aux points.
Il ne fut battu que trois fois : par disqualification devant l’Anglais Craster et Victor Buttin, et une fois aux points – décision d'ailleurs fortement contestée – par le Belge Delannoit. Il conquit son premier titre officiel, celui de champion de France des poids welters, le 21 février 1938, en battant aux points Omar Kouidri. Il s’adjugea son premier titre de champion d'Europe, toujours dans la catégorie des poids welters, le 3 juin 1939, en triomphant de l’Italien S. Turiello.
La guerre interrompit momentanément sa carrière et ce ne fut que le 10 septembre 1942, en battant l'Espagnol Ferrer par abandon à la 1ère reprise, qu’il conquit, pour la seconde fois, le titre européen des poids welters. »
Marcel Cerdan passe dans la catégorie supérieure (celle des poids moyens) au cours de l’année 1944. Après-guerre, il remporte le championnat de France le 30 novembre 1945 puis celui du championnat d’Europe en 1947 contre le Belge Léon Fouquet, qu’il bat en 126 secondes.
En 1948, Marcel Cerdan est au faîte de sa carrière et son retour en France après le combat contre Zane se révèle, sans surprise, triomphal.
« C’est dans cette atmosphère de kermesse que, de réceptions en dîners, de cocktails en défilés, Marcel Cerdan, toujours escorté de motocyclistes en gants blancs, a poursuivi toute la journée son triomphe auquel il ne manquait (on l'a écrit) que “Zale enchaîné derrière le char du vainqueur”.
Et, le poignet meurtri d'avoir serré trop de mains, les bas chargés de fleurs et de légumes, des bouquets officiels ou autres (on voit, sur notre photo, les forts des Halles offrant un bouquet de poireaux symbolique au champion), les oreilles bourdonnantes des mots ronflants prononcés dix fois au moins pour célébrer ses exploits, le nouveau champion du monde a ainsi pays son tribut à la tyrannie du succès.
Le remarquable est que Marcel Cerdan semble avoir résisté aux assauts de sa gloire toute neuve. Son sourire simple fait plaisir à voir... »
Le 16 juin 1949, Marcel Cerdan retourne aux États-Unis, à Detroit, Michigan, pour affronter un certain Jake La Motta, boxeur encore peu connu mais dont on dit qu’il est le protégé du syndicat du crime Cosa Nostra.
Le combat est avancé d’une demi-heure. Cerdan, qui n’a pu s’échauffer correctement, plie sous les coups du « Raging Bull » et doit abandonner le combat. Estimant qu’il aurait dû gagner dans des conditions normales, Marcel Cerdan propose une revanche au mois de septembre. Quatre jours avant le combat, La Motta déclare forfait ; le match est une nouvelle fois repoussé, au mois de décembre 1949.
Mais cette revanche n’aura jamais lieu. Le 28 octobre 1949, Marcel Cerdan meurt à la suite de l’accident de l’avion qui l’amenait justement de Paris à New York.
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Pour en savoir plus :
Stanislas Frenkiel, « Larbi Ben Barek, Marcel Cerdan et Alfred Nakache : icônes de l'utopie impériale dans la presse métropolitaine (1936-1944) ? », in: Staps, 2008
Jacques Marchand, Marcel Cerdan, Marchand, 2006