En 1933, New York fascine déjà les Français. Cité gigantesque et ultra-moderne, la « ville debout », selon l'expression de Louis-Ferdinand Céline, symbolise pour eux toute la grandeur et la misère de l'Amérique de l'entre-deux-guerres.
Joseph Kessel, écrivain et grand reporter, va livrer pour Le Matin un portrait nuancé de « New York, cité, île et port, en même temps, à la mesure de sa population, de ses tours de Babel, de sa fièvre, de ses vices, de ses ambitions et de sa force ».
Il décrit son arrivée par bateau :
« J'aperçus alors, confus, perdu dans le brouillard, mais le déchirant, le dépassant, un bloc fantastique de tours, de piliers géants et d'aiguilles, groupés comme un château fort de titans. Des vapeurs les entouraient, des bateaux fendaient l'eau à leurs pieds.
Le peuple des maisons venait buter contre ses sentinelles de béton. Percés de mille fenêtres, c'étaient les gratte-ciel de la pointe de l'île de Manhattan qui forme la cité de New-York. Puis on en distinguait d'autres encore, plus hauts encore, plus saisissants. Et, comme la brume tachait leurs bases, ils semblaient flotter dans un ciel indécis. C'était l'image même du monde à l'envers que j'avais à interroger. »