Ce souhait s’est réalisé lors du vote du Bundestag allemand du 20 juin 1991. Ce vote a été précédé de débats passionnés : fallait-il pour l’Allemagne réunifiée maintenir Bonn comme siège du gouvernement et du Parlement, ou transférer ces institutions majeures de la vie politique à Berlin ?
Le Traité d’unification du 31 août 1990 avait certes annoncé que Berlin redeviendrait capitale de l’Allemagne, mais ce statut symbolique n’avait pas entraîné lors de la réunification du 3 octobre 1990 le transfert des ministères et du Parlement.
C’est donc avec un décalage que ce vote a fait de Berlin la capitale politique de l’Allemagne réunifiée. Les débats ont porté moins sur la concurrence entre les deux villes que sur l’identité que devait affirmer la nouvelle Allemagne : se situer dans la continuité de la démocratie ouest-allemande de Bonn, ou bien assumer une nouvelle place géopolitique de pont entre l’Ouest et l’Est tant au plan intérieur qu’à l’échelle européenne. C’est la deuxième option qui l’a emporté par 338 voix pour les pro-Berlin contre 320 voix pour les pro-Bonn, montrant par là que la question du choix de la capitale politique de l’Allemagne était loin d’être tranchée d’avance.
On mesure l’ombre portée par plus de quarante ans de coexistence de deux capitales allemandes.
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Marie-Bénédicte Vincent est historienne, maître de conférences en histoire contemporaine à l’École normale supérieure (ENS) depuis 2012.
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Pour en savoir plus :
Françoise Mayeur, « L’Aube ». Etude d’un journal d’opinion. Paris, Colin, 1966 (Cahiers de la Fondation nationale des sciences politiques, n°144, préface de René Rémond, 236 p.
Mikhaïl Narinsky, « La crise de Berlin, 1948-1949 », in: Guerres mondiales et conflits contemporains, 2012/4, n°248, p. 121-140
Cyril Buffet, Nathalie Buffet, « Berlin ou l’Allemagne en capitale », in: Matériaux pour l’histoire de notre temps, n°55-56, 1999, p. 25-31