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2 septembre 1870 : la défaite de Sedan

le par - modifié le 01/09/2024
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« L’armée est vaincue et captive, moi-même suis prisonnier ».
C’est par ce télégramme que l’impératrice Eugénie apprend que son époux, Napoléon III, est fait prisonnier à Sedan avec une grande partie de l’armée impériale le 2 septembre 1870. Cette défaite majeure entraîne la chute du Second Empire.

Une guerre mal engagée

Le 19 juillet 1870, Napoléon III, persuadé de la puissance de son armée  et sans se soucier du soutien des autres États européens, déclare la guerre à la Confédération d’Allemagne du Nord. L’armée française, qui compte près de 265 000 hommes, doit faire face aux 600 000 hommes de l'armée prussienne et de celle des États d’Allemagne du Sud. Dès les premiers engagements, l’armée française est bousculée, comme à Wissembourg et à Reichshoffen au début du mois d’août. La figure du cuirassier français chargeant à trois reprises les lignes prussiennes devient une incarnation de l’héroïsme longtemps célébrée.

Évacuant l’Alsace et la Lorraine, l’armée du Rhin, commandée par le maréchal Bazaine, est obligée de se réfugier dans la place forte de Metz.

Le Journal amusant : journal illustré, journal d'images, journal comique, critique, satirique, 10 septembre 1870 - source : Gallica-BnF
Bataille de Wissembourg, 4 aout 1870 - source : Gallica-BnF
Bataille de Reischoffen, 6 août 1870, estampe, Firmin Gillot - source : Gallica-BnF

La bataille de Sedan

Sur les conseils du comte de Palikao et de l’impératrice Eugénie, l’armée de Châlons, reformée par le maréchal de Mac Mahon, accompagnée par l’empereur, manœuvre afin de secourir l’armée de Bazaine. Battue à Beaumont, elle doit se replier, le 31 août, sur Sedan et s’y trouve enfermée à son tour. Malade depuis le début du conflit, Napoléon III ne peut se résigner à laisser son armée se faire massacrer inutilement. Le 2 septembre, il donne alors l’ordre de se rendre. Il est reçu par le chancelier Bismarck et signe l’acte de capitulation au château de Bellevue.

Les journaux tentent d’informer le public de l’évolution des combats mais la lecture des articles montre bien l’incertitude qui règne dans Le Petit Journal et Le Siècle. Dans son numéro du 4 septembre 1870, Le Figaro relaie l’information selon laquelle le maréchal Bazaine se porterait au secours du maréchal Mac Mahon.

«Le Maréchal Mac-Mahon, après avoir eté renforcé par le corps du général Vinoy, a livré un combat dans lequel nos armes auraient remporté un succès éclatant. Les Prussiens seraient vaincus, culbutés, et trente canons leur auraient été enlevés. D'un autre côté, Bazaine est sorti de son quartier général, et après un rude combats marche vers...»

 

Certains journaux consultent la presse étrangère pour avoir des informations fiables, comme Le Gaulois qui cite des articles de la presse belge.

L’effondrement du Second Empire

Une fois la nouvelle de la capitulation connue, le gouvernement tente de rétablir la situation mais l’impératrice ne peut se maintenir au pouvoir. Napoléon III, persuadé qu’il est victime d’un complot, est détenu au château de Wilhelmshöhe en Westphalie. Le couple impérial s’installe à Londres. Le Prince impérial trouve la mort en 1879 en combattant les Zoulous d’Afrique du Sud sous l’uniforme anglais, avec lui s’éteignant les espoirs des bonapartistes.

L’empereur est finalement déchu et la République proclamée à Paris le 4 septembre 1870. Le nouveau gouvernement de « Défense nationale » veut continuer la guerre à outrance. Face à la menace prussienne, des délégations des ministères sont envoyées à Tours. Le 19 septembre, l’armée prussienne encercle Paris. Malgré un sursaut patriotique, la jeune république ne peut pas renverser le cours de la guerre, surtout après la capitulation du maréchal Bazaine le 28 octobre 1870. Le 28 janvier 1871, l’armistice est signé.

Louis-Napoléon Bonaparte (1808-1873)

Fils de Louis Bonaparte et d’Hortense de Beauharnais, il mène une jeunesse aventurière dans les années 1830. Il tente deux coups d’États, contre la monarchie de Juillet à Strasbourg en 1836 et à Boulogne en 1840. Emprisonné au fort de Ham, son évasion en 1846 lui vaut le sobriquet de Badinguet. Élu aux élections législatives de 1848, il devient président de la République la même année. Il met fin à la IIe République par un coup d’État militaire le 2 décembre 1851 et instaure le Second Empire qui perdure jusqu’à la défaite de Sedan (1870).

Napoléon III Empereur des Français - source : Gallica-BnF

Bibliographie

 

Nicolas Chaudun, L'Été en enfer - Napoléon III dans la débâcle, Actes Sud,‎ 2011.


Quentin Deluermoz, Le Crépuscule des révolutions, 1848-1871 - La France contemporaine, Paris, Seuil, 2012.


François Roth, La Guerre de 1870, Paris, Fayard, 1990.