1836 : L’exécution de l'assassin Lacenaire
Le 9 janvier 1836, Lacenaire est guillotiné en place publique. Son procès et son exécution vont fasciner l’opinion publique et en faire l'un des criminels les plus célèbres.
Le parcours d’un escroc criminel
En 1825, Pierre François Lacenaire fait le choix d’abandonner une carrière d’avoué et commence une vie de bohême. Il s’engage sous un faux nom dans un régiment suisse puis déserte, devient commis-voyageur en 1827 et commet plusieurs faux avant de s’enfuir à Genève puis en Italie. Installé à Paris en 1829, il tue en duel le neveu de Benjamin Constant.
Condamné à un an de prison, il fait la connaissance de plusieurs brigands, comme Victor Avril, et fait ses « universités du crime » en prison, y apprenant l’argot. Libéré en 1830, il commet plusieurs larcins avant de s’installer comme écrivain ambulant en 1833. Durant des mois, il alterne les crimes et les séjours en prison.
En 1834, il retrouve des anciens codétenus, Bâton et Avril, avec qui il tente de détrousser un garçon de recettes (30 septembre 1834), un encaisseur (14 novembre 1834) et un garçon de caisse (25 novembre 1834).
Le 14 décembre 1834, il assassine froidement Chardon et sa mère, avec la complicité d’Avril. Après cet assassinat, il commet plusieurs vols, notamment avec Hippolyte François.
Il est arrêté le 2 février 1835 à Beaune pour escroquerie et transféré à La Force le 18 avril 1835. Trahi par ses complices, il finit par avouer. Il est agressé par un groupe de prisonniers à l’instigation d’Hippolyte François le 27 juillet 1835.
Un procès médiatisé
Du 12 au 14 novembre 1835, Lacenaire est jugé, avec Avril et François, devant la cour d’assises de la Seine. Lacenaire va faire de son procès un événement médiatique, couvert par les journaux qui notent que « cette affaire augmente à chaque audience et attire un grand nombre de spectateurs distingués ».
Bourgeois cultivé, il dénonce la société et revendique ses actes, n’hésitant pas à déclarer : « Je tue un homme comme je bois un verre de vin ».
Le public est subjugué par ce dandy mais également scandalisé par son cynisme. Il réclame la peine capitale et exige sa propre tête et celle de ses complices qui l’ont dénoncé. Le Journal des débats, par exemple, relate avec précision le procès, n’hésitant pas à y consacrer une page complète.
Le procès se tient juste après le procès des républicains et celui du régicide Fieschi. Le 15 novembre 1835 à 1h30 du matin, la cour rend son verdict, condamnant Lacenaire et Avril à la peine de mort et François aux travaux forcés à perpétuité.
Il est guillotiné le 9 janvier 1836. Sur l’échafaud, il tourne la tête pour voir la lame tomber, geste qui lui vaut la renommée qu’il a tant désirée. Mais le journaliste du Journal des débats précise que Lacenaire n’a pas montré « ni le courage, ni même la jactance auxquels on s’attendait d’après l’idée que l’on s’était faite de lui ».