La statue de la Liberté est présentée aux Parisiens en 1884
De l’idée en 1865 à l’inauguration en 1886 de la statue de la liberté, de la genèse mouvementée à l’achèvement en 1885…l'itinéraire complexe et chaotique d'un monument aujourd'hui emblématique de la relation particulière entre la France et les États-Unis.
La naissance d’une idée
C’est lors d’un dîner en 1865 qu’aurait germé l’idée d’un monument pour commémorer le centenaire de l’indépendance américaine en 1876 et l’implication des Français dans ce combat.
Autour de la table figuraient, entre autres, le sculpteur Frédéric Auguste Bartholdi ainsi qu’Edouard Laboulaye, un fervent défenseur du modèle américain et l’auteur d’une Histoire politique des Etats-Unis en trois volumes.
Il s’agissait ainsi de consolider les liens entre la France et les Etats-Unis et de rappeler le rôle des idées des Lumières dans la révolution américaine.
La première pièce de la statue est réalisée en 1870 mais c’est alors qu’éclate la guerre franco-prussienne et Colmar, la ville natale de Bartholdi, se retrouve sous le contrôle des Allemands. Le sculpteur décide de s’exiler aux Etats-Unis.
Un projet de longue haleine
Dès lors Bartholdi s’échine à rassembler des fonds pour son projet de monument.
Dans sa quête, il est soutenu par le colonel John W. Forney un journaliste influent. Mais il rencontre une certaine indifférence et décide de revenir en France.
Le coût de la sculpture sans son piédestal est alors estimé à 400 000 francs (ce sera plus du double au final) et la levée de fonds commence en France en 1875 par le biais de l’Union franco-américaine qui, à cette fin organise, un banquet.
Laboulaye lance un appel à financement que publie Le Petit Journal, le titre le plus vendu en France et tiré à 350 000 exemplaires par jour en 1875. À la première page du journal daté du 29 septembre 1875, l’éditorialiste Thomas Grimm soutient le projet, tandis que Le Gaulois le tourne en dérision le 14 octobre 1875 : les titres républicains, même modérés comme Le Petit Journal étaient plus enclins à y adhérer que les périodiques conservateurs comme Le Figaro.
Pour rassembler l’argent, Laboulaye et Bartholdi proposent des événements, des galas comme celui du Louvre en novembre 1875 et des soirées musicales, toujours en prenant soin d’avertir la presse y compris anglo-saxonne.
De plus en 1876, est inaugurée à New York une statue de Lafayette qui permet à Bartholdi d’acquérir la légitimé artistique nécessaire outre-Atlantique et de récupérer de nouveaux fonds.
La main à la torche peut ainsi être présentée à l’exposition du Centenaire, à Philadelphie, en 1876 et les visiteurs peuvent y accéder contre rétributions.
En 1877, il conçoit à Paris, à l’intérieur du Palais de l’Industrie, un diorama qui donne l’impression de découvrir la statue du pont d’un bateau en train d’avancer et qui attire une foule de curieux.
La tête est présentée au Champ de mars, lors de l’Exposition universelle de 1878 et suscite un avis mitigé de la part du journaliste du Gaulois qui la juge « sévère » (2 juillet 1878). Pour une modique somme, le public avait accès à l’intérieur…
La construction de la statue pouvait enfin commencer.
Présentée aux Parisiens le 4 juillet 1884, elle est finalement inaugurée à New York le 28 octobre 1886.
Auguste Bartholdi (1834-1904)
Issu d’une famille protestante originaire de la Hesse, Auguste Bartholdi est né à Colmar en 1834. La première commande importante lui vient de sa ville natale : une statue du général Rapp qu’il achève en 1855 pour l’exposition universelle. Puis il voyage en Egypte et découvre les monuments de l’ère pharaonique qu’il photographie. A son retour en France, s’enchaînent commandes publiques et privées. La guerre de 1870 oriente durablement sa carrière au côté de la république et de la France. En 1880 il achève le Lion de Belfort, il assiste à l’inauguration de la Statue de la Liberté à New York en 1886 puis en 1903 à l’inauguration du monument à Vercingétorix à Clermont-Ferrand.