1857 : apparition du spiritisme en France
Cette philosophie spiritualiste, codifiée par Allan Kardec et apparue à Paris en 1857, connaît un vif succès et trouve un large écho dans la presse.
"Il fallait aller hier au Père Lachaise pour bien se rendre compte du nombre et de l'importance des groupes spirites. [...] On évalue à vingt millions le nombre de partisans de la doctrine spirite". Au lendemain de sa mort en 1898, Allan Kardec, le fondateur du spiritisme, laisse derrière lui un courant important et de nombreux adeptes, comme en témoigne alors Le Figaro.
"Esprit es-tu là ?". Derrière la formule devenue célèbre, se cache une doctrine fondée sur l'existence des esprits, ainsi définie par Kardec, comme on peut le lire dans Les Annales politiques et littéraires :
"Au sommet et à la base de tout l'édifice, est posé un Dieu, intelligence suprême, cause première de toutes choses, dont l'existence est manifestée par l'existence même du monde qu'il a créé. Dépendants de Dieu sont les esprits et la matière pondérable. Les esprits préexistent à l'univers matériel ; ils se trouvent répandus partout et peuplent l'infinité de l'espace. Ils sont, d'ailleurs, d'ordres différents, formant entre eux une vaste hiérarchie.
Les esprits s'unissent à des corps : les âmes des hommes ne sont que des esprits incarnés. Créés à l'état imparfait, ils s'incarnent pour se purifier et se perfectionner. Leur union avec le corps se fait par un intermédiaire qui participe à la fois de l'esprit et de la matière, le Périsprit, substance fluide, énergie vitale. À
la mort, à la séparation d'avec le corps, ils rentrent dans le monde des esprits, en attendant de nouvelles réincarnations. Enfin, après une série d'épreuves heureusement subies, ils sont mis en possession de Dieu. Sur cette terre, au temps de l'union, le grand devoir est la pratique de la charité fraternelle, de la solidarité, de la pitié. Un précepte résume toute la loi : hors de la charité, point de salut."
L'homme, de son vrai nom Léon-Hippolyte, Denizart Rivail, est né dans une riche famille de juristes lyonnais en 1804, année où Napoléon est sacré empereur.
"De sa naissance, écrit le Père Roure, il garda le goût du rêve. De son éducation, il emporta le culte de la science, la foi dans la valeur moralisatrice de l'instruction, la tendance à ramener l'idéal religieux à la mesure de la raison. » [...] Toujours est-il qu'il ne tarda point à exercer sur les esprits crédules et curieux un attrait puissant, et à gagner rapidement à ses opinions singulières les coeurs non prévenus. [...]
Il eut, dès le début, conscience de l'importance des manifestations insolites dont il se trouvait être à la fois le témoin et l'objet. [...]
Cette mission, Rivail la prend tout à fait au sérieux, d'autant que, bientôt, elle lui est confirmée par l'Esprit Vérité et par d'autres esprits. Ces soi-disant envoyés de Dieu lui révèlent des choses étonnantes. Il apprend, entre autres, qu'il a vécu jadis dans la personne d'un vieux barde celtique ayant pour nom Allan Kardec, ce qui le portera à prendre ce nom et à en signer ses ouvrages."
En réaction au rationalisme des Lumières, le "monde de l'invisible" connaît un regain d'intérêt dont profite Allan Kardec : son Livre des Esprits, paru en 1857, connaît un vif succès en France et bientôt au Brésil et dans toute l'Amérique latine.
Cet attrait pour le spiritisme a été tant relayé que raillé par la presse française.Le nombre d'adeptes a diminué en France au fil des XIXe et XXe siècles.