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1931. Berlin, capitale de la République de Weimar, est choisie par le Comité International Olympique. Mais dès lors que l’Allemagne devient un régime totalitaire, antisémite et menaçant pour l’ordre international, les enjeux politiques du sport prennent une nouvelle dimension, d’autant plus que des jeux alternatifs, les Olympiades populaires, sont prévus à Barcelone à l’été 1936. Dès 1933-1934, un mouvement de boycott s’organise aux États-Unis et en Europe.
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Partenariat Histoire
L'APHG sur RetroNews !
Ces séquences pédagogiques sont réalisées chaque mois en partenariat avec l'Association des Professeurs d'Histoire-Géographie (APHG) par des professeur·e·s membres de l'association.
Dans les programmes scolaires :
Au collège : programme d’histoire de Troisième, Thème 1 : « L'Europe, un théâtre majeur des guerres totales (1914-1945) » et notamment le chapitre : « Démocraties fragilisées et expériences totalitaires dans l'Europe de l’entre-deux-guerres. »
Au lycée : programme de Terminale générale, Thème 1 : « Fragilités des démocraties, totalitarismes et Seconde Guerre mondiale (1929-1945) », chapitre 2 : « Les régimes totalitaires ».
Au lycée, programme de Terminale technologique : Thème 1 : « Totalitarismes et Seconde Guerre mondiale ». Question obligatoire : « L’affirmation des totalitarismes et les guerres ».
Au lycée professionnel, programme de Première, Thème 2 : Guerres européennes, guerres mondiales, guerres totales (1914-1945).
Introduction
Choisie par le Comité International Olympique en 1931, Berlin devient la capitale d’un régime totalitaire en 1933. Dès lors un mouvement de boycott s’organise aux États-Unis et en Europe autour d'un « Comité international pour le respect de l'idéal olympique » qui dénonce les discriminations dont sont victimes les sportifs juifs en Allemagne. Les lois antisémites de Nuremberg de septembre 1935, les démonstrations de propagande lors des JO d’hiver de Garmisch, mais aussi les menaces explicites sur l’ordre européen avec la remilitarisation de la Rhénanie en mars 1936, relancent partout les débats sur le boycott des jeux d’été. En France, dans le contexte des élections puis de la formation du gouvernement de Front populaire, la question devient sensible.
Il s’agit ici, à travers des articles de la presse d’opinion, de voir avec les élèves comment les JO de Berlin amènent à repenser les liens entre sport et politique.
En France, c’est autour de la Fédération Sportive et Gymnique du Travail (FSGT), fondée en 1934, et des partis de gauche constitutifs du Front populaire (SFIO et parti communiste) que s’organise la mobilisation contre les jeux de Berlin et pour la participation aux Jeux populaires antifascistes prévus à Barcelone en juillet 1936. Leur mot d’ordre : « pas un sou, pas un homme pour les JO de Berlin ». La presse de gauche, notamment Sport, l’hebdo de la FSGT, Le Populaire, le quotidien de la SFIO et L’Humanité, celui du PC, se font l’écho de ce mouvement militant ; ils s’opposent à la grande presse conservatrice et au très populaire journal sportif L’Auto.
Document 1. « La France ne doit pas participer aux jeux olympiques hitlériens »
« Voici que tout à coup, grâce au pétard lancé le 7 mars dernier par le vaniteux et ineffable Hitler, la cause défendue par le Comité d’action devient celle d’un nombre considérable de personnes et de journaux dont le moins qu’on puisse en dire c’est qu’ils viennent au secours de la victoire qui s’annonce prochaine. (…) Puisqu’aujourd’hui s’affirme un grand courant de sympathie à l’action que nous poursuivons de façon opiniâtre contre les Jeux de Berlin, sachons utiliser tous les concours qui s’offrent pour conquérir la victoire qui sera celle de la Paix et de l’antifascisme. (…) Il faut enfin que les Parlementaires entendent la voix de la raison humaine qui exige que pas un sou et pas un homme ne soient accordés à la manifestation du barbarisme hitlérien que seraient les Jeux de Berlin.»
- A. Guillevic, extrait du journal Sport, 18 mars 1936 p 1.
Document 2. « La tenue des JO à Berlin »
« Distinguons les critiques sportives adressées au C. I. O. des critiques politiques contre le Reich.
Nous approuvons les premières mais les secondes doivent être ignorées des sportifs
Les groupements qui mènent en ce moment campagne contre l'organisation à Berlin des Jeux Olympiques de 1936 ont tenu, et se proposent de tenir, différentes réunions au cours desquelles on semble confondre les arguments d'ordre rigoureusement sportif et les arguments politiques.
Il n'est pas inutile de préciser notre point de vue, d'autant que l'attitude de l'Auto a été mise en cause dans des polémiques de presse. Séparons les arguments sportifs des arguments politiques. (…)
Les autres arguments sont d'ordre politique : il s'agit cette fois de protester contre la forme du gouvernement, que se sont donné les Allemands : régime de dictature, qui a provoqué des actes que nous n'avons pas à connaître.
La question juive est délicate ; nous regrettons que les sportifs juifs allemands n'aient pas, dans la grande nation d'outre-Rhin les mêmes libertés que les sportifs qui ne sont pas juifs ; en l'occurrence, à propos des Jeux, le C.I.O. ne pouvait que demander au Comité Olympique Allemand de ne jeter aucune exclusive contre les sportifs juifs que les nations étrangères pourraient désigner dans leurs délégations.
Pour ce qui concerne l'attitude du gouvernement allemand dans les problèmes extérieurs, les sportifs ne peuvent que se conformer aux instructions que pourra leur donner, en en prenant la responsabilité, le gouvernement de leur pays.
On ne peut pas, à l'occasion des jeux Olympiques, discuter la constitution politique d'un pays ; ce serait diviser les sportifs d'une nation en deux clans. L'exemple de l'Espagne est typique : si les Jeux de 1936 avaient été accordés à Barcelone — ville candidate — les sportifs de droite pourraient, aujourd'hui refuser d'aller en Espagne, où une dictature de gauche a pris le pouvoir ! Ce ne serait pas sérieux. Éloignons toujours le sport des controverses politiques sur les formes de gouvernement. »
- Marcel Oger, « La tenue des JO à Berlin », extrait de L’Auto, 8 avril 1936, p.5
Document 3. « Pas à Berlin ! »
« […] Le journaliste de l'Auto trouve des excuses à la sanglante dictature hitlérienne, semblant rendre responsable l'ensemble du peuple allemand de l'avènement de Hitler au pouvoir, alors que les héros antifascistes y abondent. Puis il se tire élégamment d'affaire en disant qu'il n'a pas à connaître les actes abominables commis par les bandes fascistes déchainées. Plus loin, il concède que la question juive est délicate. C'est bien le moins qu'on puisse dire. Songez, M. Oger, qu'il y a en Allemagne plusieurs millions de Juifs, privés absolument de tout droit, y compris celui de faire du sport. Enfin, il termine son « réquisitoire de neutralité » par une ficelle qu'il croit adroite. […] Nous ne nous attarderons pas à discuter avec M. Oger sur la question d'Espagne et sa « dictature de gauche ». Nos lecteurs qui suivent certainement l'enquête que l'Humanité poursuit en ce moment à ce sujet, savent bien que l'immense majorité du peuple espagnol n’a rien à perdre à cette « dictature de gauche ».
Nous reviendrons, nous, sur les questions sportives. Car nous prétendons que la sanglante dictature hitlérienne a eu de profondes répercussions sur le mouvement sportif allemand.
En voulez-vous un exemple, M. Oger ? Écoutez alors ce que disait l'éducateur politique du Reich, Kurt Munch, au congrès de Nuremberg : « Quelle est l'utilité de la gymnastique et du sport pour la formation du corps et pour la bravoure ? Un cœur sain et des poumons sains sont les premières conditions pour toute aptitude au service militaire. La capacité exigée par la guerre moderne de ces deux organes du corps humain est immense. Et comme les exercices populaires se passent généralement en plein air, par tous les temps, ils forment une préparation excellente pour l'endurcissement et la capacité de résistance pour la vie de campagne dure et inaccoutumée. Tous les exercices du corps trouvent leur couronnement dans leur utilisation pratique. Le gymnaste et le sportsman doivent être à même d'utiliser ce qu'ils ont appris lorsque les événements l'exigeront ».
Nous pourrions aisément multiplier les citations de ce genre. Mais il nous semble assez démontré que l'on ne peut valablement séparer l'odieux régime hitlérien des conceptions sportives, si l'on peut dire, qui en découlent.
Et c'est pour cela que nous nous sommes prononcés, il y a plus d'un an, contre la tenue à Berlin des Jeux Olympiques. Un mouvement populaire est né, il mène un combat infatigable contre les hitlériens français et allemands qui, de chaque côté des frontières, œuvrent pour la gloire du fascisme, honte de l'humanité.
Nous, communistes, approuvons ce mouvement qui, loin de tout chauvinisme, ne vise au contraire qu'à soutenir de toutes ses forces la lutte que le peuple allemand mène contre ses bourreaux. Avec tous les amis de la paix, avec tous les ennemis du fascisme, nous crions : « Pas un sou, pas un homme pour les Jeux Olympiques à Berlin ».»
- René Thuillier, « Pas à berlin ! », extrait de L’Humanité, 9 avril 1936 p.6
Document 4. « Toujours Berlin… »
« Pour l'immense majorité des sportifs appartenant à tous les partis, la question de participation aux Jeux Olympiques de Berlin ne se pose même pas. Toutes les nations pratiquant le sport, au nombre de quarante-cinq, seront présentes à Berlin en août prochain. Veut-on que la France soit la seule à s'abstenir ? Pourtant en Suède, au Danemark, en Australie, dans d'autres nations aussi, les gouvernements réprouvent les tendances politiques et sociales en honneur en ce moment en Allemagne. La Belgique intéressée aussi dans la question rhénane au même titre que nous, n'a jamais envisagé une abstention aux Jeux de Berlin.
Il est nécessaire que le stade olympique de Grunewald constitue, en août prochain une sorte d'enclave neutre et très internationale, au milieu de l'Allemagne nazie. N'est-ce pas d'ailleurs dans la pensée olympique de créer une trêve tous les quatre ans.
D'ailleurs, la question de participation doit être placée, de l’avis de tous les dirigeants et athlètes que nous avons interrogés, uniquement sur le plan sportif. La politique n'a rien à voir là-dedans. »
- Extrait de Paris-Soir, 17 mai 1936, p 6.
Questions :
1. Quels sont les arguments de L’Auto et de Paris-soir en faveur de la participation aux JO de Berlin et pour justifier un apolitisme du sport ?
2. Repérez et expliquez les arguments idéologiques et géopolitiques de Sport et de L’Humanité pour demander le boycott officiel des jeux de Berlin.
Une fois constitué, le gouvernement de Léon Blum soutient les jeux de Barcelone mais se résout aussi, malgré les critiques de la gauche, à financer la participation des sportifs français aux Jeux de Berlin, étant « organisés par le CIO ». Le 9 juillet l’Assemblée nationale, après une longue discussion, vote les crédits demandés (1M pour Berlin et 600 000 francs pour Barcelone) à 528 voix pour et deux contre (dont celle de P. Mendès France), les députés communistes s’étant abstenus.
Cependant, avec les débuts de la guerre civile le 19 juillet, les compétitions de Barcelone sont annulées ; et à Berlin, dès la cérémonie d’ouverture le 1er août, les jeux sont une opération spectaculaire de propagande nazie qui suscite malaise et inquiétude, y compris dans la presse conservatrice.
« Le sport nazi est devenu un facteur important dans le plan de guerre de l’état-major allemand »
- F. Bonte, député communiste à l’Assemblée nationale, le 9 juillet 1936, in Journal officiel, 10 juillet 1936.
Document 5. « Propagande allemande »
« Aucun pays ne s'entendant mieux à la propagande que l'Allemagne surtout l'Allemagne hitlérienne, on peut être sûr que M. le docteur Goebbels a su saisir l'aubaine que représentaient les « Jeux olympiques » […].
Nous ne voulons en rien affaiblir le magnifique caractère sportif de cette manifestation. Il faudrait être bien sot pourtant de ne pas en apercevoir le côté politique ni les multiples profits que le IIIe Reich en recueillera sur tous les plans. […] La présence de personnalités considérables comme celle, par exemple, du prince héritier d'Italie. Enfin l'afflux d'une foule venue de tous les coins du monde. Au lendemain du 7 mars, l'Allemagne était au ban de l'opinion internationale. Le 18 mars, elle fut solennellement condamnée pour forfaiture par le Conseil de la S. D. N1. Mais, le 1e août, le chancelier Hitler triomphe du haut de son Olympe international et les athlètes français eux-mêmes (du moins nous, l'espérons !) vont se faire couronner par lui !
Mais, attention ! Nous venons de dire qu'une foule venue de tous les coins du monde se presse à Berlin. M. le docteur Gœbbels a même dépensé 80 millions pour elle. Ceci indique sous quel jour avantageux elle considérera l'Allemagne et ses maîtres. Les nuits du 30 juin2, les pactes3 qu'on piétine s'oublient vite. Les camps de concentration ne se voient pas. La terreur dictatoriale est légère aux étrangers. Ceux-ci ne remarquent pas non plus les usines de guerre qui fument jour et nuit dans la Ruhr et en Silésie, pour préparer quoi ? Non. Ce que les spectateurs des « Jeux olympiques » verront, au contraire, c'est une jeunesse ardente et belle, une ville brillante, un déploiement discipliné de musiques et de muscles, une ordonnance impériale et l'allégresse, et l'élan, et la sève de tout un peuple. Craignons alors qu'en rentrant chez eux et faisant la comparaison avec ce qui se passe ailleurs, les « propagandés », devenus « propagandistes », murmurent la phrase exécrable « Décidément, l'Ordre avec un grand O est du côté de Hitler. » »
- Wladimir d’Ormesson, « Propagande allemande », extrait du Figaro, 2 août 1936, p.1
1 Le 7 mars 1936 Hilter remilitarise la Rhénanie.
2 Le 30 juin 1934, « nuit des longs couteaux ».
3 Allusion aux violations du traité de Versailles et de la SDN.
Document 6 : « Les Jeux — prétexte »
« Les Jeux de 1936 n'ont été qu'un prétexte. Ils ont apporté leur contribution à la cause du sport — il serait puéril de le nier — mais ils ont surtout servi à prouver la puissance d'Adolf Hitler sur la masse du peuple allemand.
Est-ce là le but du sport ? Est-ce là, surtout, le véritable sens que le baron de Coubertin voulut donner aux Jeux, en les rénovant, de la Grèce antique ?
Non, incontestablement. Mais l'Histoire est un éternel recommencement.
Nous voici revenus, au XX- siècle, aux abus qui précipitèrent la fin de l'olympisme et la décadence grecque. A quel mystérieux fil conducteur obéit donc l'humanité sur notre étrange planète ? Dans une Europe cahotée, où les dictateurs les plus divers s’enchevêtrent dangereusement, les Jeux Olympiques viennent semer un étrange sujet de panique. »
- Robert Perrier, envoyé spécial de l’Auto aux JO de Berlin, 18 août 1936, p1.
Question :
3. Comment Vladimir d’Ormesson exprime-t-il son inquiétude vis-à-vis des jeux de Berlin ? Quel bilan L’Auto tire-t-il finalement des JO de Berlin ?
Conclusion
Si l’apolitisme du sport est une idée déjà largement contestée en 1936 (l’Urss a d’ailleurs refusé d’intégrer le CIO dans les années 1920) la question du boycott sportif par les États émerge à l’occasion des JO de Berlin. « Nous pensons qu’aller à Berlin, c’est accepter une sorte de complicité avec les bourreaux », s’indigne le député communiste Florimond Bonte le 9 juillet 1936 à la Chambre ; l’argument est alors écarté par les députés français, comme ailleurs par les autres gouvernements. Il deviendra cependant, après 1945, un motif majeur pour refuser de participer à certaines rencontres sportives.
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Pour aller plus loin :
Fabien Archambault, Les légendes du siècle, une histoire des Jeux en douze médailles, Flammarion, 2024.
Pascal Boniface, JO politiques : sport et relations internationales, Paris, Eyrolles, 2016.
Patrick Clastres, Jeux olympiques, un siècle de passion, Quatre Chemins eds, 2008.
L’Histoire, « Les jeux olympiques un événement politique », webdossier juillet 2021.
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Catherine Pidutti est professeure d’histoire-géographie (Académie de Paris). Elle est membre de l’APHG (Association des professeurs d’histoire-géographie).
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